Une traversée, par Lukas Panek, photographe

©Lukas Panek 

Jeune diplômé de la Kunstakademie Düsseldorf, ayant notamment reçu l’enseignement de Dominique Gonzalez-Foerster, l’Allemand Lukas Panek a pensé avec Inner, Outer, Paintings, Friends, publié par les éditions Palais Books (Arles), un livre total, assez fou, reprenant un grand nombre des images prises ces dernières années avec son téléphone portable.

L’intérêt n’est pas ici l’anecdote, ou de rendre compte d’abord de sa vie au quotidien, mais de témoigner du flux, de l’énergie, des rencontres, des hybridations, des hasards tels qu’ils apparaissent dans le free jazz de l’existence.

©Lukas Panek 

Le souhait de fixer le temps de la jeunesse et des expériences, petites ou grandes, est-il une illusion ?

Peut-être, et alors ? L’effort, digne de Sisyphe, n’est-il pas plein de panache, si l’on évacue ce qui pourrait s’interposer dans la réception comme un effet de narcissisme au long cours ?

La vie s’écoule et fuit en tous sens, l’appareil de vision est un tamis, voire une personne comme une autre invitée à s’asseoir au banquet ininterrompu des jours et des nuits.

Lukas Panek ne cherche pas le plein, mais le trou, ce qui échappe, les points, saillants ou pas, d’un chaos plus ou moins organisé appelé identité.

Son livre est un chant, une ballade.

©Lukas Panek 

Ponctué par des autoportraits, montrant des appartements, des tas de chaussures, des vêtements jetés sur le sol, des moments entre amis, Inner, Outer, Paintings, Friends est une fête belle et absurde.

Des formes, des couleurs, des inscriptions.

Le work in progress de la vie.

Sommeil, amours, nudité.

Un ticket de théâtre, un passant, un bain de minuit.

Les images de format rectangulaire dansent.

Des ouvriers, des étudiants.

Ceux qui peignent aux beaux-arts et ceux qui peinent dans la rue – parfois les mêmes.

On s’amuse, on travaille, on se met en scène, on s’effeuille.

A sa façon baroque, l’ouvrage de Lukas Panek est un memento mori.

Apprendre à grandir enfin, en considérant le savoir mourir – traverser les images.

Lukas Panek extériorise ses émotions, regarde des ciels, visite des expositions, consulte des horaires de trains.

©Lukas Panek 

Message reçu le 6 février 2014 à 20h33 : « Lukas, I’ve thought ans thought all day, and I feel so bas for writing this in an sms, but I just don’t think that I feel the same for you as you do for me. It was wonderful with you the last days, but I’m not half as romantic as you are, and I’m not sure the I ever will be… I’m sorry. »

Le jeune homme dessine, expérimente, s’amuse, fait des visios, capte des images sur Internet, prend le métro.

Ainsi était le monde pour un étudiant en art allemand des années 2010.

Ainsi étaient les fêtes, les amitiés, les visages.

Continuité et discontinuité.

Métaphorisme.

Unité.

Grains de grenades éparpillés.

Dans une dernière partie, Lukas Panek expose, reprises pour le marché de l’art en grand format (120×180 cm), quelques-unes des photographies présentées précédemment.

Mais celles-ci sont métamorphosées, passant par l’effet du procédé de la dye-sublimation (impression sur textile avec des encres spéciales à base d’eau), du rang d’œuvrettes dispensables au statut d’œuvre d’art.

Il sera désormais passionnant d’observer l’évolution de cet artiste passé du flux de la jeunesse aux pierres de fondation.

Lukas Panek, Inner, Outer, Paintings, Friends, Editions Palais Books, 2021

https://www.lukaspanek.com/

https://www.librairiedupalais.fr/produit/palais-books/inner-outer-painting-friends/?_ga=2.6826993.2146388369.1657859200-1055557517.1657859200

Livre publié avec le soutien de la Mook Gallery, Düsseldorf  

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