May You Stay, la migration des âmes, par Elie Monférier, photographe

©Elie Monferier

Quinzième titre de la collection, « L’Atelier risographique » des Editions Bessard, May You Stay, d’Elie Monferier – opus à ouvrir à l’horizontale – est un portrait de la nuit intérieure de personnages traversant le temps et l’espace comme des clandestins.

Il y a de la dépense bataillienne ici, un épuisement des corps et des yeux, une fièvre ayant contaminé les images, qui suintent, qui brûlent, qui suent.

Qui est-on après des heures de fête et d’alcool ?

©Elie Monferier

Qui est-on après les extases procurées par l’amour et les dérives de toutes sortes ?

Les substances entraînent les visions, des petits poissons voraces frétillent dans le bocal de notre psyché liquide.

Jambières à chevrons, regard fauve, visage boxé par les émotions et l’impossible.

On voyage, on attend, on s’attend, on espère l’emportement.

©Elie Monferier

Au XVIIème siècle, le mot transport n’est-il pas synonyme de passion ?

En attendant de se consumer sur place, et de renaître, parce que rien n’est plus intense que l’abandon à deux, nous sommes des astres errants nous cognant aux murs tagués de la ville obscure.

Des manteaux élimés dans les poches desquels nous avons cousu des mantras.

©Elie Monferier

Du rouge à ongles écarlate.

Une bouche aspirant les ténèbres.

Un trouble d’exilé criant son besoin de fraternité.

Un rat de catacombe affamé de désir.

©Elie Monferier

Nos corps se rencontrent à peine – protection de capuches et de de peaux parcheminées – quand ils ne souhaitent probablement que la déchirure, l’ouverture, le sacrifice.

Les images d’Elie Monferier disent la dégradation et l’incorruptibilité, l’usure et la gloire, l’altération et la joie bouffonne des survivants.  

Le téléphone est tombé, le voici cassé, pulvérisé, Osiris est éparpillé en cristaux sanglants.

Viens, je suis seul, joue avec moi la musique des sphères.

Pince-moi, mords-moi, embrasse-moi.

Nous sommes des figurants dans un carnaval triste peint par James Ensor.

Nous sommes des isolats enfermés dans des immeubles gigognes, et nous nous défenestrons.

Oh, tes genoux ma chérie, la chimie de ta salive, la disparition des images (Thanatos) dans la sensation d’unité enfin retrouvée.

Elie Monferier, May you stay, collection « L’Atelier risographique », Editions Bessard, 2022

https://www.eliemonferier.com/

©Elie Monferier

https://editionsbessard.com/product/may-you-stay-limited-edition/

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