Des chambres abandonnées aux vagues, par Pascal Boulanger, poète

Il y a des jours où l’on n’y arrive plus, où chaque minute est un danger.

Il y a des jours où l’on se mettrait nu dans une église, ou dans la rue en se couchant sur le bitume et les crachats.

Il y a des jours où l’on aimerait étreindre toute la nuit Angele de Foligno, et Christine de Pizan.

Il y a des jours de hurlements intérieurs et de gestes hagards, des combats spirituels plus violents que batailles d’hommes.

Il me faut alors toute la poésie du monde, toute l’amitié des bêtes, toute la folie des saints et des enfants.

Je ne sais pas si je m’accorde à toutes ses illuminations, mais peu importe, j’attrape le dernier livre de Pascal Boulanger envoyé par Arnaud Le Vac, son éditeur aux éditions du Cygne.

Le titre me va : Si la poésie doit tout dire… 

Ne me demandez ni glose, ni sapience, je n’ai pas le temps, je cherche des phrases qui sauvent de la noyade, c’est tout.

Le titre est emprunté à l’ami Marcelin Pleynet, si sobre, si juste, qui me téléphona un jour depuis son petit bureau chez Gallimard en me mettant les larmes aux yeux : « Ce que vous avez écrit sur moi, je l’attendais depuis cinquante ans. »

Comment font-ils pour parler ? pour ne rien entendre ? pour repousser les voix de l’au-delà ?

Je lis : « Des anges veillant dans l’accalmie du soir »

Je lis : « Des masses d’ombre enveloppant des tilleuls »

Je lis : « Des bouches ces royaumes »

Je lis : « Des phrases dont on se débarrasse »

Je lis : « Des feux dans l’embrasure »

Je lis : « Des baisers qui brûlent encore & toujours »

Je lis : « Des chapelets avec des brins de buis »

Je lis : « Des fleurs noires de Dionysos »

Je lis : « Du vide accumulé de bleu »

Je lis : « Des soleils un peu en avance »

Je lis : « Des épées d’argent poignée d’or »

Je lis : « Des bijoux aux doigts des vagues »

Je lis : « Des rires & des sources »

Je lis : « Des nuances de prairies d’herbe & de blé »

Je lis : « Des échancrures de robes des îles »

Je lis : « Des escaliers qui mènent aux caresses »

Je lis : « Du silence comme accomplissement »

Si la poésie doit tout dire…

Pascal Boulanger, Si la poésie doit tout dire…, Editions du Cygne, 2022, 52 pages

http://editionsducygne.com/editions-du-cygne-catalogue-litterature.html

https://www.leslibraires.fr/livre/21564735-si-la-poesie-doit-tout-dire–pascal-boulanger-editions-du-cygne?affiliate=intervalle

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