A la porte de l’aube, par François Faguet, photographe

©François Faguet

« L’horizon prend des allures fauconnes / Ma grive mon écrin / Courent à l’échancrure du radeau » (Matéo Bouchaud)

Il est des lieux où l’on se voit de toute éternité, des lieux qui appellent, évoquent, convoquent.

La Vallée du Loir, par sa beauté sans grandiloquence et sa discrétion, par son silence et la noblesse simple de ses villages, est ainsi l’un de mes territoires de Paradis.

©François Faguet

Je pourrais y retourner sans cesse, parce qu’y reposent à la fois Pierre de Ronsard et de grandes amours défuntes.

Avec Dawn, François Faguet nous offre une vision à l’encre argentée de cette vallée de paix.

Je mythifie ? Oui, peut-être, je ne suis pas sociologue, le cœur m’intéresse davantage que les données statistiques.

La nature est profonde, dense, verbe fondamental loin de tout bavardage.

©François Faguet

On s’assied dans un bon fauteuil, on regarde chaque objet autour de soi comme si c’était l’aube du monde, la promenade enchantée peut commencer.

Entre les herbes hautes où serpente un sillon noir, comme un sexe de femme la nuit.

Salutation au soleil, yoga libertin, tout va bien en-dehors du crime, dans les jardins ouverts aux chercheurs de lumière intérieure.

Règnent dans Dawn un calme bienfaisant, et la grise douceur des matins désirables.

Nous sommes aux alentours du 16 avril 2022, et le sol est craquelé, comme en Arizona.

©François Faguet

Des bois, des archives dans des maisons anciennes, le Temps est préservé du tumulte de la vitesse.

De la pierre de tuffeau et des fleurs fanées.

On s’égare, on sourit d’un pneu servant de balancelle au-dessus de l’eau, on est chez Sally Mann, ou dans quelque bayou imaginaire.

Les pages blanches contribuent à l’atmosphère de sérénité générale, ainsi que les poèmes de Matéo Bouchaud imprimés sur feuilles noires.

« Pour dormir bien / Pas d’amarres sur nos draps / Pas de cloisons externes sur la rue / Pas de fenêtre close sur nos nuits, / Ni de repli sur soi »

©François Faguet

On pourrait vivre et dormir ici longtemps, en regardant des livres d’art – par exemple sur l’œuvre d’Alberto Giacometti -, en y recevant des amis et leurs enfants, en y devenant cendres et arbres.