Mexico, la danse des échoppes, par Isaak Broder, photographe

©Isaak Broder

Rassemblant quarante-et-une photographies, Puestos est un ouvrage faisant le portrait de Mexico par la vision unique des multiples stands ou échoppes modestes constellant la mégapole.

Comme les bouquinistes sur les quais de Paris (voir la nouvelle série d’Irène Jonas), ces humbles structures font partie indéniablement de l’identité de la ville.

Les photographiant alors qu’ils sont vides de produits, Isaak Broder en révèle les formes particulières, les matières les composant, et surtout la variété de leurs couleurs, généralement vives.

©Isaak Broder

De la tôle, du bois, de la toile, du tissu, du fer.

Du rouge, du bleu, du vert, du jaune, de toutes nuances.

Puestos est une mosaïque mexicaine, le portrait d’une ville par ses éléments d’architecture précaires.

Ce sont des boutiques de vente de tickets de loto, de jus de fruits, de DVD pornographiques, de vêtements, d’alimentation sur le pouce, de cartes postales, de glaces, de téléphones portables, de journaux.

Le choix du papier en couverture donne le sentiment d’une image jaunie par le temps, et la couture rouge reliant superbement l’ensemble d’une influence aztèque.

©Isaak Broder

Papier kraft pour les légendes et la courte préface, Puestos, publié à cent exemplaires en un beau format presque carré, relève de l’ouvrage d’art.

Les structures de rue que contemple Isaak Broder sont des châteaux de pacotille relevant d’une pensée de bricolage et d’ingénierie spontanée enthousiasmantes.

Sont-ils vides parce que le pays est en confinement, ou simplement parce qu’il est trop tôt encore pour s’adonner au commerce ?

Les aplats colorés illuminent le macadam ou les surfaces de terre battue.

©Isaak Broder

De tailles différentes, donnant aux blancs une place structurante, les images de Puestos inspirent par leur dimension plastique, comme des installations éphémères dans l’espace urbain.

Ce sont des pointes d’illuminisme dans un environnement parfois gris ou accablé par la puissance d’un soleil faisant fondre les formes.

L’œil détaille les édifices, portes, cadenas, ouvertures, toits, usures, socles, aération, grilles, tentures, parasols, roulettes, poignées, câbles, bâches, systèmes de protection.