©Maëva Benaiche
Staccato, de Maëva Benaiche, est un livre composé d’images peuplées de formes organiques, sensuelles et mystérieuses.
C’est un magma visuel questionnant la réalité des méandres d’un cerveau d’une femme connaissant des troubles du langage de l’ordre du bégaiement, soit cette difficulté dans l’interlocution de mettre en adéquation vitesse de raisonnement, émotion et voix.
©Maëva Benaiche
Les fluents ne connaissent pas cette sorte de déréglage, leur parole est placée, ils savent généralement où ils sont.
Ouvrage de nature introspectif, Staccato peut être pensé comme un chemin d’acceptation, faisant de la photographie un langage fondamental.
Il faut prendre le temps de contempler chaque image, laisser se déployer en soi la puissance de chaque vision, désirer la dérive induite par l’énigme des apparitions.
©Maëva Benaiche
La couverture à rabats fermés détachable montre un cosmos aqueux où flottent telles des méduses des bleuités étranges.
Staccato est un livre de sensations, cataractes, pluies fantastiques, torrents, éclairs, sillons, sillages, seuils.
C’est une tempête sous un crâne où glissent des ilots d’apaisement.
Le vent penche les herbes japonaises, alors que les filaments d’un diadème cachent le visage de l’artiste se chorégraphiant : pudeur, honte, désarroi, qui sait ?
©Maëva Benaiche
Passe un ciel gris aux nuages noirs zébré de blanc.
Un corps de femme lève le bras, comme une prisonnière derrière une vitre n’en montrant que la silhouette insurgée.
La vue se brouille, la chimie voit flou, l’esprit s’égare.
Respiration hachée, staccato de l’existence.
Musique surréaliste : la beauté sera explosante fixe, disait en substance André Breton, ou ne sera pas.
©Maëva Benaiche
Il y a des étincelles dans les galaxies cérébelleuses, des météorites aux formes florales.
Il faut franchir des digues intérieures, laisser couler les grandes eaux, de la naissance à la parole.
Moments étals, dialogue de l’ombre, de la lumière et de la main tombant comme dans un dessin d’étude classique.
La chevelure est belle, serpentine, ténébreuse, baudelairienne.
©Maëva Benaiche
Maëva Benaiche crée en une images une vaste symphonie unissant le terrestre et le céleste, le végétal et l’humain, l’eau et l’air.
Staccato procède par descentes et remontées successives, dans les tréfonds ou les hauteurs, comme un plongeur/astronaute en apnée essayant d’accroître son temps d’immersion.
Un œil s’ouvre sur une croix, le sol craque, une belle envolée se prépare.
©Maëva Benaiche
Il est temps de remonter le cours de la vie, jusqu’à ce point où des bulles de mots associés en phrases sont devenues des pointes d’affolement.
Staccato n’est qu’un début.
Maëva Benaiche, Staccato, préface Caroline Bénichou, direction éditoriale Eric Le Brun, avec Laurène Becquart, arrangement et relecture Laurène Becquart, graphisme Bureau Kayser, Editions Light Motiv, 2023 – 700 exemplaires
https://editionslightmotiv.com/produit/staccato/
https://www.leslibraires.fr/livre/22303374-staccato-maeva-benaiche-light-motiv?affiliate=intervalle
Le blog de Fabien Ribery 