Ici, au Vietnam, très loin du Vietnam, par Maxime Brygo, photographe

©Maxime Brygo

Réalisé à l’occasion d’une résidence à la Villa Saigon, Institut Français du Vietnam (Ho Chi Minh-Ville), Flatland fait référence à l’œuvre éponyme d’Edwin A. Abbott, publiée à Londres en 1884.

S’il photographie le pays qui le reçoit, Maxime Brygo invente surtout un territoire mental.

Ses images sont des îles mouvantes, son livre est un archipel peuplé de matériaux de construction et de signes étranges.

©Maxime Brygo

Pas d’humains, mais une sensation géométrique évoquant des dimensions supérieures.

Le plat pays est composé de passages, de seuils, d’entrées discrètes menant à des royaumes inaperçus par le promeneur pressé.

Il faut buter sur une pierre, enfoncer les pieds dans une tourbière, renverser le regard.

Habite ici le temps, immuable et singulier.

©Maxime Brygo

Apparaissent des édifices aspirant tout l’espace, ou le créant.

Cratères, cavernes, amas, palais, enclaves, capsules.

Nous sommes dans quelque contrée secrète où vécurent des géants, des entités extraterrestres, des créatures suprahumaines.

Des traces, des déchets, des poussières glissent sur le fleuve du temps.

©Maxime Brygo

Bordées de vide, faisant face à des pages blanches, les images, de tailles très différentes, en noir & banc et couleur, glissent sur le papier glacé.

L’esprit vagabonde, salue un totem, s’émeut d’une roche tombée.

Ça s’effrite, ça s’érode, ça se fend, mais aussi ça s’organise, ça se structure, ça se place.

Il y a des chaos et des clartés, des bâches et des voiles levés, des choses mutiques et des scènes d’éloquence.

©Maxime Brygo

Le principe est dialectique, c’est, au-delà de la logique duale, la création d’un processus général d’intégration.

Les isolats dialoguent, les solitaires ne sont pas des esseulés.

Qu’y a-t-il loin des écrans ? Des pyramides profanes, des espaces découpés, des ciels en morceaux de sucre grossiers.

Un chien fouine, le sous-sol aussi est concerné.

©Maxime Brygo

Maxime Brygo photographie une réalité témoignant d’un arrière-pays, d’une vie organique autonome.

Pourquoi l’art ? Pour nous révéler ce que sont les pommes – leçon cézanienne -, les tas de sable, les briques, les sillons, mais également pour nous faire comprendre que l’existence est plus large que l’ego, qu’il est possible de vivre agrandi, non par l’effet des technologies des maîtres du transhumanisme, mais en décalant le regard, en faisant le pas de côté kafkaïen, en développant la foi en ce qui est, simplement, mystérieusement, parlant à notre cœur une langue étrangère que nous comprenons pourtant intimement.        

Maxime Brygo, Flatland, texte en français/vietnamien/anglais, design Jonas Meier, direction et coordination éditoriale Eric Cez, Editions Loco, 2023, 128 pages – 500 exemplaires

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