Near Life Experience, par Sara Skorgan Teigen, artiste visuelle

©Sara Skorgan Teigen 

Après avoir passé une journée où les difficultés se sont accumulées, puis après avoir vu le film Coma, de Bertrand Bonello, il me fallait des objets de secours.

D’abord quelques verres de vin accompagnés de la musique de Oiseaux-Tempête, puis un livre de photographie choisi sur le canapé parmi la quarantaine en attente.

Il s’intitule Sleeping State of Being, son auteure est Sara Skorgan Teigen, que publie en Suède Gösta Flemming pour les éditions Journal.

©Sara Skorgan Teigen 

Les territoires de l’hypnagogie qu’il explore, entre dessins, collages et photographies, sont exactement ce qu’il me fallait.

L’auteure, sublime, se met en scène dans toutes sortes de positions et de taille, chutant ou vivant accroupie comme dans La Guerre du feu, de Rosny Aîné.  

Il y a des traces de scotch, des fleurs dessinées sur des grèves, des labyrinthes serpentins, des statues, des cratères, et la reproduction manuscrite des pensées et visions de l’artiste.

©Sara Skorgan Teigen 

Des corps flottent, empreintes de cailloux, continents de traits à la dérive, arborescences.

Nous sommes de l’autre côté du miroir, dans l’espace des rêves atteignant le monde astral.

L’artiste botticellienne tient une épée, les démons ne sont pas loin, il faut s’apprêter à leur trancher la tête.

Le jeu est sérieux, même si la belle porte maintenant un masque au nez phallique, Pinocchia mia amore.

©Sara Skorgan Teigen 

Emiettement de craie.

Nuage noir de la chevelure.

Rire des bulles à la surface de la page.

Polype de coraux.

©Sara Skorgan Teigen 

Il est permis de toucher, il faut faire glisser la pulpe des doigts sur le papier, sentir la douceur de la peau brillante, s’aventurer tout autour des seins respirant avec les poumons.

Des planètes se détachent comme chez Magritte.

La mer se souvient du bonheur de l’Atlantide.

Un corps se blottit contre une créature marine.

Sara Skorgan Teigen fait ses katas, danse avec des sculptures, monte des échelles menant au firmament.

Comme tout est beau ici, inventif, neuf.

©Sara Skorgan Teigen 

Dehors, vous le savez bien, l’air devient irrespirable, il y a le feu et les gaz toxiques, bientôt un black-out général, un effondrement bancaire, des visages défigurés par la haine et la peur.

Notre capacité à nous mentir sera-t-elle notre sauvegarde ?

Ou la joie des limbes, des océans imaginaires, la puissance de l’âme s’incarnant sur du papier.

Des corps s’enlacent, main d’un homme posée à la naissance des fesses de son aimée.

La Bushwoman rencontre chez la déesse Mnémosyne l’Atlas d’Aby Warburg.

©Sara Skorgan Teigen 

Oh, mais vous êtes des centaines.

Y aura-t-il quelqu’une pour se diriger vers moi ?

Vous m’écartez les genoux, Madame, et voyez que je suis une femme.

Parce que la guerre ne porte pas mon nom.

Parce que je me donne sans retour possible.

Parce que je suis l’énergie de création.

Inventer Sleeping State of Being est sûrement nécessaire avant le réveil de la Kundalini, qui déchirera les apparences.

Sara Skorgan Teigen, Sleeping State of Being, Journal, 64 pages – 750 copies

https://journal-photobooks.com/products/sara-skorgan-teigen-sleeping-state-of-being-creatures-of-night-and-day

https://saraskorganteigen.com/

Laisser un commentaire