A la gloire de James Barnor, photographe

L’assistante de la boutique Sick-Hagemeyer devant le siège de l’United Trading Company, Accra, 1971’© James Barnor

Il faut louer le travail de la galerie Clémentine de la Ferronnière (Paris) quant à la reconnaissance internationale de l’œuvre du photographe ghanéen James Barnor, que vient couronner aujourd’hui, après la puissante exposition ayant eu lieu à la fondation Luma à Arles en 2022, la parution d’un Photo Poche très complet préfacé par Christine Barthe.

Il y a de l’esprit de la Nouvelle Vague chez cet artiste né en 1929, ayant eu l’audace de faire poser ses modèles dans les rues de la capitale Accra.

Autoportrait avec une assistante de la boutique de la West African Drug Company, centre d’Accra, vers 1952 ‘© James Barnor

Également photojournaliste – ayant notamment travaillé pour la presse britannique -, il étudie à Londres la couleur à partir de 1959, retournant ensuite au Ghana pour y créer le premier laboratoire couleur de son pays.

James Barnor sait à la fois être à la mode et intemporel, documentaire et dans la mise en scène.

Il est rapide, enthousiaste, inventif.  

Une petite fille, le dernier jour de ramadan, quartier de Tip Toe, Kokomlemle, Accra, vers 1973’© James Barnor

Il célèbre la beauté irradiante des corps, mais aussi la douceur et la joie de vivre, parfois avec une légère ironie ou malice.

Le cadre urbain lui offre des possibilités de fiction, faisant en outre du studio qu’il dirige une plateforme de rencontres.

« James Barnor, analyse Christine Barthe, est un homme d’enchaînements et de transmission. Sa carrière et ses images témoignent de sa curiosité, de son optimisme et de sa confiance envers les autres. »

Mike Eghan photographié pour Drum à Piccadilly Circus, Londres, 1967 ‘© James Barnor

S’il montre avec bonheur le corps noir, sa photographie est en quelque sorte postraciale, s’attachant à trouver les points d’universalité en chacun plutôt que les marqueurs identitaires.

Barnor est résolument moderne, et, si le mot n’était pas tant galvaudé, humaniste.

Son premier studio est à deux pas de la mer, et nul doute que la présence de l’océan Atlantique aura porté chez lui un sentiment de liberté resté inentamé.

Constance Mulondo posant pour Drum après un concert des Millionnaires, Londres, 1967 ‘© James Barnor

Le corps de ses modèles est mobile, alerte, tourné vers l’avenir.

Il photographie le boxeur Mohamed Ali et des musiciens – notamment le clarinettiste Ek Nyame, légende de la musique ghanéenne -, des couples mixtes et des foules, des femmes à la présence sublime.

Les photographies de James Barnor entraînent immédiatement l’adhésion, parce qu’elles s’ancrent dans un monde désirable, gorgées d’énergie.

Musique, semble nous dire Barnor, c’est-à-dire blues et free jazz, percussion des corps dans l’espace, franchise et rire de séduction.

James Barnor, introduction de Christine Barthe, direction éditoriale Gérladine Lay et Christine Barthe, fabrication Sophie Guyader, Photo Poche, 2023, 144 pages

https://www.actes-sud.fr/catalogue/james-barnor

Une militante du National Liberation Movement lors d’un rassemblement politique, Kumasi, 1956 ‘© James Barnor

James Barnor est représenté en France par la galerie Clémentine de la Ferronnière

https://www.galerieclementinedelaferonniere.fr/fr/artists/30-james-barnor/

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