
Le jardin des délices, circa 1490, Jérôme Bosch
« Ce petit livre d’une trentaine de pages, écrit en cinq mois dans un grenier des Ardennes, a été publié en 1873 par un jeune homme révolté de dix-neuf ans. Il a moisi dans les cartons d’un imprimeur de Bruxelles et ne fut retrouvé qu’après plusieurs dizaines d’années, alors que son auteur avait déjà fait une croix sur la poésie. » (Yannick Haenel)
On le connaît presque par cœur, on ne le connaît pas, avec lui, c’est toujours la première fois.
A chaque saison – de l’être -, relire Une saison en enfer, du mage ardent Arthur Rimbaud.
En octobre, c’était un fac-similé de l’édition originale trouvé à Toulouse, librairie Ombres Blanches.
Aujourd’hui, c’est en Poésie / Gallimard, avec une préface de Yannick Haenel.
Je lirai ici l’un et l’autre, je les lierai.
« expérience initiatique » / « Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. »
« un voyage orphique » / « La charité est cette clef. »
« un possédé revenu de l’abîme » / « Ah ! encore : je danse le sabbat dans une rouge clairière, avec des vieilles et des enfants. »
« une liberté extrême » / « Maintenant je suis maudit, j’ai horreur de la patrie. Le meilleur, c’est un sommeil bien ivre, sur la grève. »
« l’absolu qui l’anime » / « Mais je puis être sauvé. »
« étincelle splendide » / « Faim, soif, cris, danse, danse, danse ! »
« anarchie poétique » / « L’ennui n’est plus mon amour. »
« poésie vécue » (bonjour Alain Jouffroy) / « Ah ! les poumons brûlent, les tempes grondent ! la nuit roule dans mes yeux, par ce soleil ! le cœur… Les membres… »
« Graal poétique » / « A moi. L’histoire d’une de mes folies. »
« programme de l’aventure absolue » / « Ce fut d’abord une étude. J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges. »
« porte secrète » / « Qu’il vienne, qu’il vienne, / Le temps dont on s’éprenne. »
« la littérature comme une aventure passionnée » / « Enfin, ô bonheur, ô raison, j’écartai du ciel l’azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d’or de la lumière nature. »
« feu » / « Mon âme éternelle, / Observe ton vœu / Malgré la nuit seule / Et le jour en feu. »
« saluer la beauté » / « Je devins un opéra fabuleux : je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur : l’action n’est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle. »
« sortir à son tour de l’hécatombe » / « Ce monsieur ne sait ce qu’il fait : il est un ange. »
« trésor » / « J’ai fait la magique étude / Du bonheur, qu’aucun n’élude. »
« jaillissement d’une pensée érotisée » / « par l’esprit on va à Dieu ! »
« état d’intensité absolue » / « Le chant des cieux, la marche des peuples ! Esclaves, ne maudissons pas la vie. »
« sortir de l’enfer » / « L’automne déjà ! – Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, – loin des gens qui meurent sur les saisons. »
« recherche d’une clef » / « Il faut être absolument moderne. »
« amour du langage » / « – et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps. »

Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, préface de Yannick Haenel, postface de Grégoire Beurier, avec des fac-similés des brouillons de Rimbaud, Poésie/Gallimard, 2023, 96 pages
https://www.gallimard.fr/Contributeurs/Arthur-Rimbaud
