La morale des sauvages, par Mario Macedo, photographe

©Mario Macedo

Le monde adulte nous guette, il va falloir rentrer dans le rang et comprendre que l’heure de la fin de la récréation a sonné.

Ah oui ? Et pourquoi ?

La jeunesse fait peur aux assis, son goût des expérimentations, sa vivacité incontrôlable, ses gestes radicaux ou fous, ses ivresses (alcools, drogues diverses, sexe).

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La jeunesse, le Portugais vivant essentiellement à Berlin Mario Macedo la voit presque toujours en couleur, belle, rebelle, sensuelle, cherchant à préserver sa part d’irréductible et de pleinement vivant.

Son livre publié chez Loco, en collaboration avec la maison d’édition indépendante de Porto Lebop Books, témoigne ainsi d’un désir de liberté et de souffle sans cesse renouvelé, que métaphorise l’alternance des pages blanches et des photographies imprimées pleine page.

On se blesse, on se grime, on est dingues, on s’en fout.

©Mario Macedo

On peut s’aimer, la nuit et le jour, à l’arrière des voitures et dans des appartements, à peu près chauffés ou luxueux, dans des bois et dans des clubs, nous sommes les derniers sauvages, nous sommes des saints, nous dansons pour vous.

Dériver dans sa propre vie, lorsque l’on veut contrer la mort – dont nos sociétés terminales ne cessent de jouir -, est une affaire de haute morale.

Mario Macedo ne discourt pas, mais prouve.

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La façon dont il regarde les visages et les corps, parfois dénudés, est d’une délicatesse ne masquant pas la franchise.

Eros circule, ne vous cachez pas les yeux, caressez-vous ensemble.

Une biche a été tuée, des hommes et femmes dorment, sûrement ivres, un photographe contemple ses amis.

Dehors, c’est moche, si l’on ne métamorphose pas l’ordre social mortifère et la narcose programmée en fêtes de tous les instants.

©Mario Macedo

Pizza froide, maya desnuda, regards partagés, la vie est démente, jusque dans ses moments de mélancolie.

Il nous reste quelques minutes d’intensité, mais, qui sait, Aurore aux doigts de rose les prolongera peut-être, retardant l’arrivée du soleil afin que les amants se réjouissent encore un peu.

Dehors, c’est l’Europe, une voiture de luxe au capot défoncé.