
©Nicolas Comment
« Venus venue, plantée, piquée sur le noir de la nuit, comme un vaisseau spatial, un objet volant non identifié. » (Nicolas Comment)
En 2000, Patrick Le Bescont, créateur des éditions Filigranes, publiait officiellement à cinq cents exemplaires (officieusement cinquante) Le plan d’eau, de Nicolas Comment.

©Nicolas Comment
C’est un tout petit livre merveilleux tenant dans la paume de la main, comme un choupisson.
Vingt-cinq ans ont passé, il est toujours aussi beau, aussi neuf, aussi rare.
Presque personne ne l’a vu, l’auteur lui-même l’a peut-être laissé s’ensommeiller dans un coin de sa mémoire, ou de sa bibliothèque, parmi les disques de Bob Dylan et les recueils de poèmes de Germain Nouveau.

©Nicolas Comment
Vingt-cinq ans, c’est le temps du réveil, c’est maintenant.
Peu de pages, beaucoup de texte, quelques photos, du désir noble et baroque, le goût de la langue, dans la bouche et sur le papier.
Alcool, cœur ardent, musique, miroirs, errance.
Jeu des regards, frôlements, glissements.
Le plan d’eau est cet espace où se rencontrent les amants, où s’échappent les baisers, où s’inventent la littérature comme la photographie.
Les images sont en noir & blanc, structurées par des lignes sombres ou floues, le visible est toujours de l’ordre d’une grâce ou d’une exception.

©Nicolas Comment
Mystère d’une présence aimée, attache des cheveux noirs, conduite douce de la voiture.
Douces cruautés.
« Tandis qu’elle tendait le doigt vers le plan d’eau, tu sentais dans ta paume plantée l’épine de l’acacia, le goût des fraises et des asperges sauvages, de la bouillie des chiens sentant le meilleur que le repas du soir. »
Nicolas Comment, c’est un climat/climax William Burroughs, Henry Miller, films noirs, Pierre Jean Jouve, Jean Eustache, Hubert Selby Jr., Jean-Jacques Schuhl, Georges Bataille.
Viande rouge, crachat, soleil.
Bottes beige, Antibes, lumières matisiennes.
« Tu vois une fleur rouge, un autocollant fluo, un bonbon vert. Pour la première fois de ta vie, tu es debout, marchant, attendant l’avion de Nice, notant, au milieu de la foule, notant. Tu n’as pas pensé aux fleurs, tu n’as pensé à rien, tu notes. »
Le plan d’eau est introuvable aujourd’hui.
Il n’est mentionné ni sur le site de l’auteur, ni sur celui de son éditeur.
C’est donc un collector.
Avis donc aux chercheurs de trésors, ou de fantômes.

Nicolas Comment, Le plan d’eau, édition Patrick Le Bescont, Filgranes Editions, 2000, 28 pages

©Linda Tuloup