Puissance de la délicatesse, par Fabrice Domenet, photographe

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©Fabrice Domenet

Est inspiré, écrit en substance Maurice Merleau-Ponty dans L’œil et l’esprit (1960), qui respire l’être.

Il y a lien entre la création et le feu intime générateur de vie, dont la circonférence est partout et le centre nulle part.

Fabrice Domenet est de ces artistes inspirés ne séparant pas les espaces du dedans de ceux du dehors, cherchant constamment à témoigner d’une unité fondamentale.

Pour cela, rien de mieux que la nature, observée à fond, reflet évident et mystérieux de notre intériorité.

©Fabrice Domenet

Avec les séries Voir les yeux fermés et La Peau du monde – édités avec classe par Process Editions (Benoît Pelletier) -, le danseur-photographe poursuit à la fois un geste introspectif et de pure méditation quant au visible.

Ses images sont des épiphanies inscrivant le vivant dans un ordre géométrique transcendant.

Le cheval ou la carpe koï sont ainsi davantage que leur identification première : il y a de la merveille en eux, une énigme qui les traverse, une solitude qui n’est pas de l’ordre de l’effroi.

©Fabrice Domenet

Le papier non massicoté sur son bord vertical bouffe, respire, lui aussi est vivant, rendant compte de l’organicité d’un livre rare tiré à seulement deux cents exemplaires.  

Pluie de gemmes, puits de lumière, noirs profonds.

Dialogue de particules.

Formes stupéfiantes des créatures apparaissant soudain dans le cadre de format carré propice à la concentration du regard, le noir et blanc faisant dériver l’esprit dans les territoires de l’onirisme.

©Fabrice Domenet

Un héron se présente, marchant simplement dans la luminescence, non loin de l’onde calme d’une rivière faisant songer à quelque conte médiéval.

Tout est vraiment très beau, l’état de tranquillité intense auquel parvient probablement l’artiste au moment de la prise de vue permettant que vienne à lui ce qui relève de l’indemne, ou de la générosité infinie du vivant.    

Une chouette paraissant impassible, des vaguelettes, un merle.

©Fabrice Domenet

Héritières du romantisme, relevant du registre lyrique, les photographies de Fabrice Domenet chantent avec silence, la double question du temps et de la présence pleine étant au cœur de la série La Peau du monde, l’artiste contemplant la métamorphose d’une plante.

Entre épanouissement et flétrissure, pourrissement et volupté d’involution, nous assistons à la lente tombée d’un joyau végétal.

©Fabrice Domenet

Voici la chorégraphie géniale du vivant jusque dans la mort, à qui Fabrice Domenet offre la scène de son livre, et les murs du sous-sol de la galerie La Chambre claire où il est actuellement exposé.

Fabrice Domenet, Voir les yeux fermés, suivi de La Peau du monde, directeur d’édition et publication Benoît Pelletier, direction artistique Benoît Pelletier, Process Editions, 2025 – deux cents exemplaires

Exposition à La Chambre claire Galerie (Douarnenez), du samedi 29 mars au 10 mai 2025

https://www.lachambreclairegalerie.fr/

©Fabrice Domenet

Fabrice Domenet sera présent à la galerie samedi 10 mai, de 15h à 19h

https://www.instagram.com/fabricedomenet/

Artiste soutenu et représenté depuis plusieurs années par la Galerie L’Angle (Didier Mandart), située à Hendaye

https://www.langlephotos.fr/artistes/fabrice-domenet

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  1. Avatar de christinelefebvre23 christinelefebvre23 dit :

    magnifiquement dit!

    merci Fabien pour ces textes toujours aussi pertinents!

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