
©Raymond Escomel
Pourtant auteur de nombreux livres, notamment chez Créaphis Editions – les nettement flous (Bernard Plossu) Saurai-je me souvenir de tout ? et Impressions d’Orient seraient-ils ses masterpieces (Bernard Lamarche-Vadel) ? -, Raymond Escomel est un photographe aujourd’hui méconnu.
Je ne sais pas si l’ouvrage Sic transit gloria mundi est encore disponible – contacter l’artiste, en Ardèche, non loin de Privas, ou/et consulter la bibliothèque de l’Ecole Estienne, cote 598 VER-, mais je le compte parmi ses œuvres majeures.
Il s’agit d’une trentaine de portraits de comédiens réalisés en Sicile, l’ensemble faisant songer à la série Avignon, juillet 1989.
Des comédiens, oui, mais d’un genre particulier, puisque ceux-ci sont morts, et qu’ils proviennent des spectaculaires catacombes des capucins de Palerme.
Ce sont des figures grimaçantes, des monstres, des masques d’épouvante.

©Raymond Escomel
Publié dans un format poche, à la façon d’un carnet Moleskine de petite taille, Sic transit gloria mundi est un memento mori.
On songe à Bossuet, mais aussi aux acteurs de la commedia dell’arte.
A Palerme, perle baroque, la mort est carnavalesque.
Les squelettes rient, terrorisent les enfants, bientôt habitués à côtoyer sans peur les trépassés.
Ces défunts sont d’une puissance de vie considérables.
Ils sont drôles, en tenue de soubrette.

©Raymond Escomel
Abominables comme des gueules cassées de la Première Guerre mondiale.
Smarts comme des joueurs de jazz du temps de Boris Vian.
Laids comme un Louis-Ferdinand Céline sortant de l’enfer de son asile danois.
Touchants comme des poupées de chiffon abandonnées aux avanies du temps.
Les portraits en vignette apparaissent, et c’est une comédie humaine qui défile.
Voici ensemble Verdun et La ballade des pendus de François Villon.
Les mises en scène allient l’humour et l’effroyable, André Breton s’en amuse.

©Raymond Escomel
Les momies parlent, crient, ricanent.
Notables et misérables sont unis par une même défiguration.
Telle est l’éthique de Raymond Escomel, de ne pas hiérarchiser les individus, et de croire aux vertus du théâtre comme catharsis, de la même façon que la photographie est pour lui un jeu avec la mort et l’effacement des traits, dans la célébration de la vie.

Raymond Escomel, Sic transit gloria mundi, Editions du théâtre de Privas, 1995

Contacter Raymond Escomel : raymond.escomel@gmail.com