
©Cédric Gerbehaye
Dédié aux peuples du Cachemire en demande de justice et de reconnaissance, Kasmir. Wait & See, de Cédric Gerbehaye documente dans des nuances de noir intenses les tensions géopolitiques ayant lieu en cette région située entre l’Inde, le Pakistan, et la Chine.
Plusieurs guerres s’y sont déroulées depuis 1947, le Pakistan revendiquant contre l’Inde, du fait de la majorité musulmane de sa population, ce territoire où se trouve la source de fleuves – stock vital d’eau douce – irriguant son propre espace, notamment le Penjab.
Faisant dialoguer images contemporaines et archives, Kashmir rappelle la réalité d’un conflit oublié, Cédric Gerbehaye travaillant depuis plusieurs années en ce territoire montagneux visuellement splendide.

©Cédric Gerbehaye
La mort et la lutte sont omniprésentes.
Graffitis, funérailles, manifestations, répression, douleurs.
La rue appartient aux hommes, en colère, ou en attente.
Visages masqués, caillou dans la main, insurrection.

©Cédric Gerbehaye
Le Cachemire que rencontre Cédric Gerbehaye ne veut pas être indien – les lance-pierres des policiers de Srinagar, ville indienne située à près de 1600 mètres d’altitude où s’est rendu longuement le photographe depuis 2017, y sont redoutables.
Bruit des armes, mutilations, billes de plomb dans les yeux.
La population est en détresse, espérant qu’un plébiscite leur permette enfin de s’exprimer sur l’avenir de leur région.

©Cédric Gerbehaye
Qu’il photographie la foule, des individus isolés, ou des scènes riches de multiples interactions, Cédric Gerbehaye possède un sens de la composition et du cadrage à la fois lisible et fourmillant de détails donnant à penser.
Influence du soufisme, effervescence, soutien des guérisseurs locaux.
Accompagné de deux essais érudits de Nathalène Reynolds et Sultan Ali sur la problématique cachemirie, l’abandon des populations aux antagonismes guerriers et le contrôle des images, l’ouvrage de Cédric Gerbehaye fait œuvre d’histoire, ne cherchant pas à faire la leçon à quiconque, mais à apporter un témoignage visuel précieux sur une réalité méconnue en Occident.
Dans un environnement naturel vertigineux – la découpe de l’Himalaya -, des êtres se battent, l’Inde accusant les musulmans d’être la base avancée en ses contrées du terrorisme fondamentaliste.
Prière collective à la mosquée, visages farouches et abîmés, femmes voilées.

©Cédric Gerbehaye
La solitude et le sentiment de menace sont palpables.
Armes.
Fabrique de briques, orpaillage, chaîne des montagnes.
On joue au ludo, au polo, au cricket.
On marche dans le froid, c’est le début et la fin du monde.
Feu, chants, éboulement.
Un homme tient une sorte de croc à deux pas d’une colombe qu’enserre une main – très beau diptyque.
On se frappe la poitrine, on discute avec des soldats, on s’allonge dans l’herbe.

©Cédric Gerbehaye
Se terminant par une série de portraits superbes, Kashmir montre des hommes et des femmes ne devant que peu à notre modernité arasante.
En contemplant les personnes ayant accepté de poser pour lui, Cédric Gerbehaye photographie de la dureté, de la lumière, de la tendresse, et une fière indocilité, qui est la marque d’une sauvegarde intime.

Cédric Gerbehaye, Kashmir. Wait & See, textes Sultan Ali, Nathalène Reynolds, édition Fabienne Pavia, Frédéric Lecloux, conception technique Vanessa Goetz & Guillaume Allard, optimisation des images Pierre Starquit et Leonora Baumann, éditions Le Bec en l’air, 2025

©Cédric Gerbehaye
https://www.becair.com/produit/kashmir-wait-and-see/

Exposition au festival Visa pour l’image de Perpignan, du 30 août au 14 septembre 2025
https://www.visapourlimage.com/festival/expositions/kashmir-wait-see