Vitalité de Sabine Weiss, photographe

©Sabine Weiss / Photo Elysée, Lausanne

Eminente représentante de ce qu’on appelle communément la photographie humaniste française, Sabine Weiss (1924-2021) fut d’une vitalité et d’une curiosité exemplaires envers la condition humaine, notamment des enfants et des moins nantis.

Célébrée pour sa capacité à saisir avec tendresse et espièglerie des scènes de rue, mais aussi la fragilité et la solitude de ses contemporains, l’artiste entrée très tôt à Genève dans l’atelier des Boissonnas (lire à propos de cette dynastie de photographes l’ouvrage de Nicolas Bouvier) est bien plus diverse qu’on ne le croit généralement, ayant travaillé abondamment pour la mode et la publicité.

Robert Doisneau lui permit de rejoindre à Paris dès 1952 l’agence Rapho, ainsi que le magazine Vogue, pour lequel elle sera sous contrat pendant dix ans.

©Sabine Weiss / Photo Elysée, Lausanne

Loin des envolées théoriques de certains de ses confrères, Sabine Weiss tient à placer l’émotion et le goût de la rencontre au cœur de son œuvre.

Un Photo Poche montrant son travail en noir et blanc – elle photographia aussi en couleur -, révèle une nouvelle fois au plus grand nombre son regard empathique et rieur.

Cabriole d’un enfant pouilleux, vie gitane, rires.

Image extraordinaire de quatre bambins attachés sur le pont d’une péniche pour ne pas tomber à l’eau.

Sabine Weiss photographie le peuple, les quartiers périphériques, dans une époque où il est encore permis de robinsonner.

©Sabine Weiss / Photo Elysée, Lausanne

L’amie d’Annette Giacometti, épouse d’Alberto, aime la nuit, l’existence sans apprêts, les scènes les plus quotidiennes révélatrices de solidarité, de jeux, mais aussi témoignant d’un esseulement poignant.

L’humour est présent, Sabine Weiss préférant témoigner du bonheur de vivre plutôt que de se livrer comme tant d’autres à la surenchère dramatique.

Témoigner des réalités de la vie populaire avec une certaine dose de facétie, c’est aussi cela la politique.    

Il y a chez Sabine Weiss un principe de liberté qui enchante.

C’est un chat qui saute entre les barreaux d’un portail, un cheval qui se cabre sur un terrain vague, une femme qui danse aux Saintes-Maries-de-la-Mer, un mariage gitan à Tarascon.

Corps en mouvement, et éloge des artistes, de profession ou non : Niki de Saint Phalle, Romy Schneider, Françoise Sagan, et des anonymes – travestis à Pigalle, passants napolitains, enfants new-yorkais, membres d’une foule.

©Sabine Weiss / Photo Elysée, Lausanne

Une femme court dans la nuit, c’est Sabine Weiss.

Elle est très en-avant, ici avec son prochain, et là-bas, avec le rire de l’univers.

Photo Poche Sabine Weiss, introduction de Virginie Chardin, direction éditoriale Géraldine Lay, assistante éditoriale Nesma Merhoum, création graphique Wijntje van Rooijen & Pierre Péronnet, mise en page Charlotte Devanz, photogravure Christophe Girard, fabrication Marie Constant, Actes Sud, 2021, réédition 2025

https://actes-sud.fr/sabine-weiss-1

©Sabine Weiss / Photo Elysée, Lausanne

https://www.rencontres-arles.com/fr/sabine-weissgitane-dansant

https://elysee.ch/expositions/sabine-weiss/

©Sabine Weiss / Photo Elysée, Lausanne

https://www.leslibraires.fr/livre/24785819-sabine-weiss-weiss-sabine-chardin-virginie-actes-sud?Affiliate=intervalle

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Avatar de Lionel Modolo Lionel Modolo dit :

    j’avais exposé à ses côtés à Montpellier avec notre club, très triste quand elle a disparu, une femme adorable, de l’humour, et un talent !

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