Archives photographiques d’une call girl

©Maryline Paradise

« J’ai tout de suite compris que ce que j’allais voir, entendre et expérimenter, allait rapidement m’atteindre et transformer ma vision du monde tel que je le connaissais jusqu’ici. Je ne pouvais cependant imaginer à quel point. »

Maryline Paradise n’est pas photographe, mais utilise depuis 2015 l’appareil photographique pour documenter son quotidien de travailleuse du sexe.

Il ne s’agit pas d’un projet conceptuel, mais d’une pratique relevant quasiment de l’ethnologie sauvage.

Voici ce que je fais, voici ce que me demandent les clients, voici ce que nous faisons.

Imprimé dans la désormais fameuse collection L’atelier risographique des éditions Bessard, l’autoproclamé Maryline Paradise est cru, vrai, sans morgue ou jugement.

Choses vues, choses relatées, dirait Victor Hugo.

Dans la spontanéité du geste, l’appareil photo étant tenu par l’auteure ou son client.

Pas de chichi, pas d’intellectualisation, du direct.

©Maryline Paradise

« Juste figer la scène, écrit Maryline Paradise sur son site, figer cet homme, sa position, son regard et l’emprisonner à jamais dans ce cadre blanc, avoir un trophée de ça, un témoignage visuel, celui de l’écrasement d’un homme par sa soif de plaisir immédiat. »

Etat des lieux de la condition masculine rencontrant la prostitution.

Aucune gloriole, un au-delà du bien et du mal dans les pratiques consenties, mais l’impression continue d’une tristesse générale – pauvres chairs.

« Quand on devient escorte, continue-t-elle, on ne se rend pas tout de suite compte qu’en vendant son corps, c’est son âme qu’on vend d’abord. On se sent toute puissante, on pense prendre le contrôle de sa vie mais on sera encrassée par ces souvenirs de corps à jamais. Ce métier donne accès à quelque chose d’unique, il fait de moi la témoin privilégiée du tabou, du caché, de l’inavoué… Mais à quel prix ?! »

C’est le secret derrière la porte, la révélation de la nuit sexuelle en chacun, la trivialité.

Jambes écartées, tatouages, franchise des positions.

Masque sur les visages masculins afin de protéger les identités.

Fantasmes urologiques, léchages, ficelages, doigtages.

Bandaisons.

©Maryline Paradise

Screenshots de textos : « Chère Maryline, Merci encore pour délicieux moment ! J’ai adoré le massage, cette danse sensuelle, ces estampes que ton corps… notre conversation Je te dis à très vite Belle fin de soirée Ludovic »

Yeux bleus d’idéalité, beauté du chat blanc, et collier bâillon avec boule.

Préservatifs, résille sur le visage, talons aiguilles.

L’impression risographique couleur donne aux scènes un aspect fantastique.

Ça bave, ce n’est pas propre, comme le sexe.

©Maryline Paradise

Composé de polaroïds parfois repeints et d’images prises à l’argentique, Maryline Paradise  est un document sans concession sur les activités d’une call girl, sans en faire l’apologie, ni sans la déplorer outre mesure.

Pas de militantisme, mais la constitution d’une archive.

Simplement montrer, ouvrir les yeux, dessiller

Il est certain que ce n’est pas le Paradis, plutôt l’une des antichambres de l’Enfer.

Marilyne Paradise, Maryline Paradise, art director & cover book’s design Thibault Geffroy, Editons Bessard, 2025 – 50 exemplaires

https://marylineparadise.com/

https://editionsbessard.com/brand/maryline-paradise/

©Maryline Paradise

Retrouver l’ensemble du travail de Maryline Paradise (notammant cinq fanzines et un court métrage) sur son site, et à la Galerie Arts Factory, 25 rue du Charonne (Paris)

https://www.artsfactory.net/

Dédicace le mercredi 5 novembre 18h/21h

https://www.facebook.com/events/1987040545364045/

(J’ai choisi de ne pas exposer sur ce site les photographies les plus sexuellement explicites)

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