© Raymond Escomel Voici un ouvrage qui participe, tant par la qualité de ses textes que par la beauté de ses images, troublées, troublantes, au bonheur malgré tout d’un été (2021) placé sous la menace. Il s’agit d’un petit livre à la couverture moutarde se glissant aisément dans la poche et dont le pouvoir quant…
Étiquette : Jean-Noël Schifano
La mer ne baigne pas Naples, par Anna Maria Ortese, écrivain
« Depuis longtemps, très longtemps, je détestais de toutes mes forces, presque sans le savoir, ce qu’on appelle réalité, le mécanisme des choses qui naissent au fil du temps et que le temps vient détruire. Cette réalité était pour moi incompréhensible et hallucinante. » Depuis la lecture de Les Petites personnes (Actes Sud, 2017), livre de feu…
L’amour à mort et l’aristocratie noire, par Jean-Noël Schifano, écrivain napolitain
« Le 30 août 1976, cette maudite soirée de dimanche, le Browning de chasse, calibre 12, fit un trou étoilé de sang dans sa chemisette de soie ivoire. » Pour avoir lu Sous le soleil de Naples (Gallimard, 2004), Désir d’Italie (Folio 1990, nouv. éd. 2019) et la plupart des romans de Jean-Noël Schifano, je…
Un rocher ne faisant pas de patelle, portrait d’Erri De Luca en son fils de papier
« Dans les vieux livres, les chevaux pleuraient la mort de leurs cavaliers. C’était une époque qui donnait du poids aux larmes. » Raconter sa vie avec franchise et pudeur à un fils de papier remplaçant l’enfant de chair qu’il n’a jamais eu, tel est le parti pris du dernier livre publié en français d’Erri…
Aucun homme n’est une île, un an de chroniques, par Nathacha Appanah, écrivain
Natacha Appanah, six livres chez Gallimard depuis 2003, c’est une voix franche et singulière, mêlant l’intime et le prosaïque, le lyrisme et le politique, le chaos du monde et l’ordre des phrases. Ecoutez ceci, c’est le début de Tropique de la violence, prix Femina des Lycéens 2016 : « Il faut me croire. De là où je…
Dans les yeux des chiens, par Anna Maria Ortese, écrivain majuscule
« Quand je suis née, l’univers était encore visible. Dans ce sens-là, ma génération, celle de la Première Guerre mondiale, a été vraiment privilégiée par rapport aux suivantes. Aujourd’hui, on en sait davantage sur l’univers, mais celui-ci est caché par la prolifération des œuvres et des actions humaines. Par « univers », je veux parler des innombrables cortèges…
Vivre en Napolitain, mourir en Russe, Renato Caccioppoli, par Jean-Noël Schifano, écrivain
Dans son film Mort d’un mathématicien napolitain (1992), le cinéaste Mario Martone retraçait la dernière semaine avant son suicide par balle en 1959 du génial Renato Caccioppoli, professeur de mathématiques à l’université de Naples, petit-fils du révolutionnaire anarchiste russe Mikhaïl Bakounine et pianiste de talent. Cet homme exceptionnel, qui s’opposa en 1938 à la…