Sous-titré « 50 livres rêvés par 50 illustrateurs », L’Iconographe (La Table ronde, 2017) est un hommage à l’intelligence créatrice des illustrateurs de livres.
Il était temps de mettre en lumière, dans un livre d’art se dégustant lentement, cette profession méconnue, pourtant indispensable à la mise en valeur du texte, comme un écrin suscitant l’envie d’ouvrir et lire l’œuvre qu’il contient.
A été faite à cinquante illustrateurs la proposition de réaliser la couverture du livre de leur choix, l’ouvrage rêvé, premier, ultime, cardinal.
L’Iconographe est ainsi une merveille de couvertures, accompagnées des mots de leurs auteurs, expliquant leur décision, comme un éloge de la lecture, et des actes très concrets, existentiels, que les bons livres entraînent.
Quelques noms d’illustrateurs, connus, moins connus, à connaître. Prenons la lettre B : Tamia Baudouin, Beax, Anne-Lise Boutin, Michel Bouvet, Eric Bricka, Steffie Brocoli.
Pour les auteurs, tirons le M : Curzio Malaparte, Herman Melville, Henry Miller, Haruki Murakami.
Les dessinateurs ont la parole.
Léa Chassagne (Mémoires d’une jeune fille rangée/Simone de Beauvoir) : « Si vous avez des convictions, vous avez tout. »
Chez Gertrud (Le Démo/Hubert Selby Jr.) : « C’est un livre glaçant, jouissif et enivrant, on en ressort le souffle coupé. »
Geneviève Gauckler (Le Livre de l’intranquillité/Fernando Pessoa) : « Je ne pourrai jamais relire ce livre. Pourtant je l’ai choisi, c’est celui-là que je devais illustrer. »
Aline Zalko (Sexus/Henry Miller) : « Sexus n’est pas mon livre préféré ni le livre de ma vie, mais c’est le premier roman que j’ai volé. »
Gérard DuBois (Lolita/Vladimir Nabokov) : « Il est difficile de résister à la voix du narrateur, ou à celle de Nabokov, séduisante et manipulatrice, protectrice autant que prédatrice. La fascination qu’elle exerce procure un sentiment de doute profond, de lui mais surtout de soi. On chemine à ses côtés, complice, incapable de défaire le lien, quand bien même le voudrait-on. Sans doute est-ce cette ambivalence qui m’a le plus séduit, cette trame grise, omniprésente. »
Abstraites (L’invention de Morel/Félix Demargne), symboliques (La Vie de l’esprit/Aude Picault), enfantines (L’Iliade et L’Odyssée/Léa Maupetit), humoristiques (Monsieur de Phocas/Benoît Preteseille), érotiques (Sexus/Aline Zalko) ou satiriques (La ferme des animaux/Jean-François Martin), les illustrations de couverture proposent toujours une première lecture.
Les classiques contemporains sont rares, fors les deux Murakami (Haruki et Ryu), Patrick Süskind, Emmanuel Carrère (avec L’Adversaire, inspirant Antoine Meurant), Chimamanda Ngozi Adichie (Americanah par Edith Caron).
Contempler la variété des esthétiques reproduites ici – des flammes priapiques de Tom de Pékin à la méticulosité toute japonaise de Sébastien Mourrain – est un grand bonheur, qui donne des ailes, et nous chatouille les idées : et si nous aussi…
Collectif, L’Iconographe, 50 livres rêvés par 50 illustrateurs, préface de Jean-Christophe Napias, La Table Ronde, 2017, 112 pages
Exposition des planches du livre du mercredi 18 octobre au 10 novembre 2017 à la galerie Treize-dix (Paris).
Une fois n’est pas coutume, cher Fabien, très mauvais livre a priori. Mention spéciale à Jane Eyre et Lolita (H.H. avec des bretelles, sérieusement ?).Illustrations toutes vieillottes et typos itou.
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