Comme le confiait Parménide à ses amis, l’être est et le non-être n’est rien.
Accordons donc à L’être prioritaire, qui est tout, l’attention que l’on doit à ces lettres prioritaires dont le tarif ne cesse d’augmenter à la mesure de leur disparition, donnant aux mots nouveaux le prix de l’or fin.
Hakim Mouhous et Hélène Schwaller en sont les auteurs, amants/amis orpailleurs cherchant à substituer le poids du manque dû à des séparations régulières de nature professionnelle par celui de l’invention poétique/érotique.
Constitué des dessins et textos envoyés par H(akim) à H(élène), L’être prioritaire, publié par Bruno Chibane dans la collection « desseins » qu’il dirige chez Chic Médias éditions, fait de l’éloignement le ferment d’une sublimation fervente.
Dessinateur, Hakim Mouhous est peut-être avant tout sculpteur, de mots, de braises, de baises et de couleurs.
Le désir se dit à toute hâte, tout âtre, tout être, sans que la réceptrice, cruelle, comédienne (formée à l’école du Théâtre National de Strasbourg), ne révèle rien du sien, laissant au lecteur le délice de s’imaginer à sa place, arroseuse arrosée, marivaudeuse dévoreuse, de verbe et de liqueurs humaines trop très humaines. Absente, présente, dans l’attrait des traits.
On s’exhibe, se copule, se postule, se poste, se pose, se crie, se cule, se happe, se vitraille, se gribouille, à Reims, Paris, Nantes ou Bruxelles.
Ce sont des jeux de mains, de pieds, de cuisses, de sexes élastiques, hier, aujourd’hui, demain, maintenant surtout, au présent du fantasme, dans l’advienne que pourra de la ritournelle creusée, cavée, excavée, exaucée des grottes salivaires.
Sagesse parménidienne de la petite sauterie des sûtras, d’émaux et de camés, overdosés de sexes, tendus, attendus, et mouillés comme il se doit de vins d’Alsace.
Lui : « J’ai en corps faim de toi. »
Hakim Mouhous et Hélène Schwaller, L’être prioritaire, Chic Médias éditions, 2016