De la Banalyse et de Jean-Pierre Le Goff, par Yves Leroy, Banalyste

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Le viaduc des Fades (aujourd’hui désaffecté)

C’est dans une conversation à propos de Ralph Rumney, peintre, situationniste, psychogéographe, par Gérard Berréby, patron des éditions Allia, que j’ai entendu pour la première fois le mot « Banalyse ».

Il y a quelques jours, lors d’un dîner chez une amie, j’ai rencontré par le plus grand des hasards objectifs un Banalyste authentique, assis à côté de moi, racontant des histoires joyeusement invraisemblables.

L’occasion était trop belle de discuter avec lui d’un terme recouvrant une pratique de réenchantement du plus commun, mais qui reste un mystère pour ses adeptes mêmes.

Le lecteur comprendra ici à quel point l’activité banalystique m’échappe parfois, mais se rassurera peut-être en constatant ma bonne volonté.

Qu’est-ce que la Banalyse et qui a forgé ce terme ?

On ne peut tenter de définir la Banalyse que négativement, par ce qu’elle n’est pas : pas une secte, ni une église ; pas un mouvement politique ou syndical ; pas un mouvement littéraire ou philosophique ; pas une entreprise artistique ou culturelle…

Les dix Congrès ordinaires de Banalyse qui se sont déroulés aux Fades entre 1982 et 1991 n’ont accouché d’aucune définition.

La Banalyse est sans doute un état d’esprit… qui ne se satisfait pas de constater l’aliénation de l’être humain en tant que simple force de travail productrice de marchandise et consommatrice de celle-ci.

Quel en fut l’acte fondateur ?

L’acte fondateur de la Banalyse est le “Congrès ordinaire des Fades“ par lequel ses deux initiateurs, Pierre Bazantay et Yves Hélias, invitaient des personnes à les rejoindre en juin le temps d’un week-end afin d’accueillir ceux qui, sur le quai de la Halte facultative des Fades, descendraient de la micheline reliant Montluçon à Clermont-Ferrand en empruntant la voie adjacente par Gannat et Volvic. Il n’y avait pas d’autre objet à ces congrès que de prendre le risque de l’ennui puisque les propositions destinées à divertir de ce risque étaient en ces lieux excentrés sinon absentes, du moins très rares. Le réel avait offert aux initiateurs de la Banalyse et à ses premiers expérimentateurs un dispositif aussi étonnant que pertinent. La ligne de chemin de fer à rail unique, après avoir franchi un tunnel en courbe, débouchait sur un viaduc enjambant la Sioule (qui fut attesté lors de son inauguration en 1909, comme étant le plus haut d’Europe). De l’autre côté de ce viaduc, se dressaient deux bâtiments : sur la droite, un Hôtel-Restaurant de la Gare offrant trois chambres ; sur la gauche, un édifice en brique quelque peu délabré, la Halte ferroviaire facultative des Fades. C’est à cet endroit que se tinrent de 1982 à 1991, dix Congrès ordinaires de Banalyse.

Il faut préciser qu’aucun congressiste ne se rendit à l’invitation des organisateurs lors des deux premières éditions du Congrès ordinaire de Banalyse, ce qui conforta ceux-ci dans l’idée que cette proposition était plus que pertinente… et qu’il fallait tenir.

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La Halte facultative des Fades (aujourd’hui privée)

Quels sont les événements majeurs ayant marqué l’histoire de ce mouvement, si l’on peut qualifier la Banalyse comme tel ?

Le substantif “événement“ complété par l’adjectif “majeur“ ne fait pas partie du vocabulaire de la Banalyse. La notion d’événement renvoie à ce que la Banalyse tente d’évacuer afin de permettre la confrontation du sujet à la vacuité absolue de la trivialité contemporaine.

On ne peut qualifier la Banalyse de “mouvement“, le vocable de “surplace“ serait sans doute plus judicieux quant à elle. La Banalyse suppose une attitude critique du sujet pour tenir ferme face au déferlement des propositions marchandes, politiques, idéologiques, etc., tentant de le divertir et d’aliéner sa conscience face aux problématiques du réel.

Quels sont les critères pour devenir Banalyste ?

La définition du banalyste est très simple : « Nous avons appelé “Banalyse“ l’agitation mentale, encore assez confuse, que provoque cette expérimentation peu raisonnable, mais exigeante, d’une réalité sans intérêt, mais problématique. Qu’on n’imagine cependant pas que ce terme recouvre un quelconque contenu de savoir : est banalyste celui qui, ayant eu vent du Congrès de Fades, a été fortement tenté d’y venir (…) » [Pierre Bazantay, Yves Hélias, “Cahiers de Banalyse n°2“ – mai 1984).

Evidemment, le passage à l’acte que constituait le fait de se rendre concrètement aux “Congrès ordinaires de Banalyse“ aux Fades confirmait la simple intention. Mais d’autres propositions, comme “La Traversée du 22 mars“ ou “Les Entretiens de La Loupe“, accueillirent des participants qui, sans s’être jamais rendus aux Fades, purent ainsi intégrer les réseaux banalystes.

Les Banalystes aiment particulièrement la place Marius Pinel à Toulouse. Pourquoi ?

C’est, selon moi, plutôt l’inverse : les Pinélisateurs se référent particulièrement à la Banalyse en ce sens qu’ils reconnaissent en son esprit quelque chose qui inspire leur propre pratique. D’ailleurs, les initiateurs du mouvement poétique qui s’est développé autour de la Place Marius Pinel de Toulouse, furent jadis invités aux Congrès ordinaires de Banalyse aux Fades, auxquels ils ne purent se rendre pour diverses raisons personnelles. Le fait pour eux d’avoir tenu à pinéliser le site des Fades au cours de l’été 2018, ressort à mon sens de l’hommage rendu à des prédécesseurs. Il va sans dire que les Banalystes rendent eux aussi bien volontiers hommage aux Pinélisateurs toulousains.

La pinélisation consiste à répandre un peu de terre prélevée sur la place Marius-Pinel de Toulouse, une place résolument quelconque n’offrant aucun signe distinctif particulier sinon un kiosque à musique qui possède la particularité de concentrer vers son centre les sons qui y sont produits et qui, de ce fait, se révèle inapte à sa fonction récréative ou artistique. Les adeptes de cette pratique de pinélisation, les “Pinélisateurs“, élisent des sites particuliers pour y disperser quelques poignées de cette terre toulousaine afin de répandre l’esprit de cette place à travers le monde. Au printemps 2018, la sépulture du premier poète officiel de la Banalyse, Jean-Pierre Le Goff, au cimetière de Ploaré à Douarnenez reçut ainsi quelques grammes de terre auparavant prélevée sur la Place Marius-Pinel à Toulouse.

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L’arrivée du train en gare des Fades (juin 1985)

Le livre Eléments de Banalyse, édition de documents conçue et établie par Marie-Liesse Clavreul et Thierry Kerserho, comportant une préface écrite par Pierre Bazantay et Yves Hélias (éditions Le Jeu de la Règle), est une somme impressionnante d’archives. Que faire de tant de traces, écrites, photographiques ? Où les archives sont-elles déposées ? Y a-t-il des travaux universitaires en cours ?

Il faut reconnaître à Marie-Liesse Clavreul et Thierry Kershero qu’ils ont réalisé un travail colossal en réunissant en un volume de près de 600 pages une très grande partie des archives de la Banalyse. Sans ce travail, il est certain que la mémoire de la Banalyse aurait péri corps et biens avec la disparition des Banalystes historiques. Cependant, “Eléments de Banalyse“ ne compile que les archives de la première décennie de la Banalyse, celle dite de la “Première campagne“ des congrès.

Il existe une “Seconde campagne“, à l’activité plus diffuse et plus épisodique, sous forme d’Inspections concernant divers territoires périphériques ou subsistent des signes ou des édifices remarquables du point de vue banalytique. Cette “Seconde campagne“ (toujours en cours) a donné lieu à la publication de vingt brochures éditées de manière très confidentielle par le Bureau des Inspections banalytiques entre 1997 et 2003.

Il faut ici aborder l’une des particularités du fonctionnement de la Banalyse et signaler le principe du “protocole“. Chaque acte banalytique suppose une mise en forme très réglementaire avec description heure par heure des activités, attestation sur des registres de présences, enregistrement des courriers, des allocutions et des discours, prises de photographies ou de vidéos, tamponnages de pièces officielles, etc. L’ensemble de ces documents constituant un corpus assez impressionnant !

En réunissant l’ensemble de ces archives qui étaient conservées à Rennes, au siège du Centre d’Initiative de la Banalyse, mais aussi réparties chez des “Banalystes historiques“, Marie-Liesse Clavreul et Thierry Kershero ont rassemblé non seulement les publications, les documents et les éléments iconographiques qui attestent des pratiques de la Banalyse, mais ils ont mis en évidence un type de fonctionnement très éclaté entre les initiateurs de la Banalyse et les différentes Délégations qui avaient été instituées dès l’origine afin de répandre l’esprit de la Banalyse.

Le Centre d’initiative, s’il a toujours gardé la maîtrise de l’organisation des Congrès ordinaires de Fades, s’est trouvé “décentré“ pour ce qui concerne d’autres initiatives prises par des Banalystes. Dans le volumineux fonds des archives de la Banalyse, on constate également des allers-retours théoriques entre les uns et les autres qui montrent que la doxa banalytique n’a pas été l’apanage d’une ou deux personnes, les initiateurs, mais plutôt une forme de collégialité ouverte laissant à chacun une très grande part d’autonomie.

Il est prévu que ce fonds d’archives rejoigne prochainement les collections de la Bibliothèque nationale de France et qu’il soit accessible aux chercheurs. Mais déjà “Eléments de Banalyse“ constitue un ample corpus permettant aux chercheurs de travailler sur la Banalyse.

Que doit la Banalyse au surréalisme et au situationnisme ?

Rien. La Banalyse n’a aucune dette et ne doit rien à personne, ni à aucun mouvement. Elle est postérieure au surréalisme et au situationnisme, dont elle emprunte sans doute quelques aspects, mais s’en diffère du fait qu’elle n’a développé ni projet littéraire, ni ambition politique, se contentant de n’être peut-être qu’une simple proposition de mise à distance critique et de jeu plus ou moins ironique.

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Arrivée des trains de 6h48 à la halte ferroviaire facultative des Fades durant les Congrès ordinaires de Banalyse. Cette image reproduit sept photos prises au Polaroïd depuis la fenêtre d’une des chambres de l’Hôtel de la Gare entre 1983 (2e congrès) et 1989 (8e congrès)

Comment la Banalyse a-t-elle essaimé puisqu’elle comporte une indéniable dimension internationale ?

La Banalyse a essaimé à partir du principe de l’invitation à se rendre aux Fades pour “prendre le risque de l’ennui“. Cette proposition a séduit des personnes de tous horizons qui ont trouvé là une proposition originale ne cherchant pas à les divertir, mais les amenant à affronter ensemble quelque chose de décevant, en ce sens qu’il résiste au désir, qu’on appelle le réel.

La diaspora banalytique s’est développée au Portugal, en Belgique, au Canada, en Angleterre et en Tchécoslovaquie. Ce dernier pays, alors de l’autre côté du “Rideau de fer“, a développé des relations étroites avec le Centre d’Initiative de la Banalyse qui s’y est rendu à plusieurs reprises avant la “Révolution de Velours“ de décembre 1989. Les Banalystes praguois – qui ne pouvaient se rendre aux Fades – ont inventé leur propre Congrès ordinaire de Branik, du nom d’une station de tramway située en pleine banlieue, au terminus d’une ligne. A cet endroit, entre deux rames de tramway, les Banalystes tchèques organisaient un Congrès de trois minutes au cours duquel ils tenaient un discours et installaient une exposition de photographies accrochées avec des pinces à linge sur une grande ficelle. Participer à un tel acte, pouvant être perçu comme une provocation par le régime totalitaire alors en place à Prague, était une prise de risque réelle pour ceux, dissidents du régime comme Vaclav Havel et ses amis, qui y participaient.

Yves Hélias et Pierre Bazantay parlent d’une « catharsis du spectacle » ? Les Banalystes parient-ils sur l’ennui contre le divertissement ?

Non, je pense qu’ils font référence à “La Société du spectacle“, le livre dans lequel Guy Debord, bien avant tout le monde, décrit la mise en spectacle inflationniste de l’ensemble des activités humaines et principalement les activités politiques, artistiques et médiatiques…

Le poète Jean-Pierre Le Goff, enterré au cimetière de Ploaré de Douarnenez, fut très considéré par ses comparses Banalystes. Pourquoi ? Peut-on dire, sans froisser sa mémoire, ni ses proches, qu’il fut un admirable enfileur de perles ?

Jean-Pierre Le Goff fut un Banalyste historique. Le premier à s’être rendu aux Fades, en 1986, sur la seule foi d’une invitation officielle qui lui avait été adressée par les co-initiateurs de la Banalyse sans qu’il n’en ait jamais entendu parler auparavant.

Outre sa pratique banalytique des Congrès ordinaires des Fades et autres “Traversées du 22 Mars“, “Entretiens de La Loupe“ ou “Rendez-vous de Branik“…, Jean-Pierre Le Goff, que l’on situe en tant que poète parmi les surréalistes tardifs, a développé une pratique poétique tout à fait originale, celle des “actes poétiques“ auxquels, sur le principe de l’invitation sélective déjà utilisée par les organisateurs des Congrès ordinaires de Banalyse, il invitait des proches à le rejoindre en des lieux improbables pour participer à la réalisation de gestes poétiques minimalistes. Parmi les thèmes à partir desquels il dérivait, on trouve “Le Fil à plomb“, “Les Onze seconde“, “La Pentecôte“, “Le Rayon vert“, “Le Rouge et le vert“ ou “La Perle“. Alors oui, il enfila des perles sur des mètres de fil en des endroits divers à travers le territoire français chez des personnes qui l’accueillaient volontiers.

Ainsi, il vint chez moi le temps d’un week-end à Etretat où j’habitais alors avec ma famille. Il fit le trajet en train Paris / Evreux / Rouen / Le Havre où je vins le chercher à la gare pour rejoindre Etretat en voiture. (P)aris / (E)vreux : (R)ouen / (L)e Havre /(E)tretat : PERLE… Il enfila sur un fil autant de perles que de kilomètres ferroviaires, changeant de couleur de celles-ci entre chaque gare, ainsi que dans ma voiture entre Le Havre et Etretat. Il monta ensuite ce fil emperlé sur une feuille de Canson représentant la Haute Normandie et situant les étapes de son parcours, qu’il mit sous verre et baptisa “Poursuivre le train de mes occupations“ et nous l’offrit pour nous remercier de notre hospitalité.

Qui est le rédacteur de ce fameux slogan « Vive la dictariat du prolétature » ?

Un étudiant qui inscrivit ce slogan sur les murs de la fac de Villejean à Rennes en 1968.

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L’arrivée du train en gare des Fades (juin 1985)

Nous avons évoqué la Banalyse, mais existe-t-elle vraiment ?

 A vous de le dire maintenant…

J’envisage de titrer ainsi notre entretien : « La Banalyse n’existe pas, par Yves Leroy le Banalyste ». Qu’en pensez-vous ?

Ce titre ne me plaît pas pour deux raisons :

1/ La Banalyse est une expérimentation critique, non un concept… et, en tant que pratique, elle est très concrète… On ne peut pas dire qu’elle n’existe pas, mais plutôt que le Banalyste s’interroge sur ce qu’elle est. “La Banalyse ?“ ou “Qu’est-ce que la Banalyse ?“ ou “Que sais-je ? La Banalyse…“ seraient des titres plus justes.

2/ Il n’y a pas qu’un banalyste, un “Le Banalyste“ idéalisé, mais un archipel de personnes dont les relations forment rhizome qui, à certains moments de leur existence, ont développé une pratique banalytique plus ou moins épisodique.

La question de l’appartenance est complexe car la Banalyse n’a pas de statut. Ce n’est ni une instance, ni une institution. Elle ne fait aucun prosélytisme pour rassembler des adeptes, des adhérents ou des militants.

Elle se répand plutôt sous la forme d’une contamination exponentielle.

Ce qui sous-tend cette activité est le constat post-moderne de l’obsolescence des idéologies “des-lendemains-qui-chantent“, parousie, eschatologie, etc., et de la Révolution.

Dès le début des années 1980, des individus avaient fait le constat que l’idéologie d’un progrès continu de l’humanité se développant selon un axe passé / futur était obsolète, périmée… Dans ces années de fin de Guerre froide, le totalitarisme des régimes communistes avait révélé sa face négative génocidaire, tout comme l’avait été l’immorale ignominie de l’impérialisme occidental. Fallait-il pour autant se résoudre à la victoire définitive du marché et de ce qu’on n’appelait pas encore la “mondialisation“ ? Est-ce que cela signifiait que la partie était jouée ? “Fini, c’est fini, ça va peut-être finir. (Un temps).“ [Samuel Beckett, Fin de partie]

Devant le constat du désenchantement du monde, il fallait inventer d’autres voies, expérimenter d’autres issues. Pour cela, il fallait opter pour une position résolument critique sans se laisser bercer par les illusions du politique, de l’art ou de la culture, ou de la consommation.

Je pense que c’est cela qui est à l’origine de la Banalyse.

Propos recueillis par Fabien Ribery

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Références :

Eléments de Banalyse, Le Jeu de la Règle éditeur, 2015. www.lejeudelaregle.fr

Cahiers de Banalyse, n° 2 à 6 – mai 1984 / juin 1988

Publications du Bureau des Inspections banalytiques, 20 cahiers – 1997 / 2003

Echangeriez-vous votre voiture contre deux Trabant ?, film de Patrick Viret, 2011

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Les éditions des Grands Champs (Seine-et-Marne), consacrées aux liens entre littérature et nature, ont publié très élégamment deux livres de Jean-Pierre Le Goff, Coquillages (2014) et Métaux adjacents (2017).

Coquillages est un ensemble de réflexions très fines et surprenantes à propos des coquillages formulées dans une langue superbe (préface de Didier Semin, collages d’Anton Jeudi) : « Que l’homme de science ne me fréquente pas, je n’apporte aucune garantie d’expérimentation. Mes idées appartiennent plus au domaine de la rêverie qu’à celui de la preuve. Tout ici a apparence d’égarements, d’axiomes aux évidences troubles, de postulats à la viabilité incertaine. Malgré les prismes que j’emploie pour révéler le paysage par d’autres éclairages, je tiens à conserver celui-ci intact. J’ai souci de ne point perdre de vue le fonctionnement de la rationalité, bien que je me serve d’elle pour lui faire dire ce qu’elle n’affirme pas et qu’elle dissimule dans l’impénétrabilité de ses halliers. »

Xenophora Pallidula ? « porte divers coquillages dans le même esprit que la coquille Saint-Jacques arbore la femme nue. »

Epitonium Scalare ? « Il est permis d’imaginer une conchyliologie mentale dans laquelle toutes les pièces seraient purs produits de l’esprit ou aboutissements de spéculations, de recherches, de calculs et de rêveries sur les formes, les couleurs, l’apparence et les suggestions des coquilles. »

On l’a compris, pour Jean-Pierre Le Goff, les coquillages sont des fragments d’esprit, des écritures, des présences de savoir inconnu, de la même façon que les morceaux de métal de Métaux adjacents (postface d’Eymeric Jacquot), bouts de fer glanés, bouts de vie oubliés déposés « sur un terrain vague mental », paysages intérieurs, formes saugrenues et nobles.

« Ma démarche serait un peu celle du photographe, du photographe qui ne compose pas son sujet mais qui attend que les éléments soient là pour les fixer. Au contraire du sculpteur, je ne fabrique pas les objets métalliques, j’attends qu’ils mordent à l’hameçon de mon regard, j’observe une même patience que celle du pêcheur, plus tard seulement j’interprète et mesure mes prises. »

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