
Painted Ladies est un livre d’artiste de la photographe plasticienne Valérie Belin publié par les Editions Xavier Barral sur papiers japonais en huit cents exemplaires numérotés et signés.
Ce sont les portraits de huit femmes réalisés en bichromie – noir & blanc – en 2017.
De grands formats (173 x 130 cm), ils sont exposés à l’occasion des Rencontres d’Arles 2019.
Ces huit femmes – Lady Stroke, Lady Blur, Lady Brush, Lady Round Brush, Lady Shadow, Lady Stripes, Lady Inpainting, Lady Pastel – pourraient être des icônes du rock, ou des guerrières punk dans une dystopie transhumaniste.

En un jeu fin de répétitions et de variations, Valérie Belin pose la question du fondement même de notre identité, et de la stabilité de notre moi.
Ses Ladies sont outrageusement maquillées, ce sont des chamanes, des forces intermédiaires entre les vivants et les morts.
Le pinceau sur le visage masque, révèle, métamorphose.
L’altérité est moins d’extériorité qu’un mystère en soi.

Huit Painted Ladies comme autant de poupées de cire baudelairiennes, comme des mannequins ouvrant les yeux dans un film de Bertrand Bonello.
Huit femmes transformées en peinture, huit entités en phase de zombification.
Ce sont des mécaniques de chair inaccessible, le regard vide.
Huit anthropophages séductrices et glaciales.
Huit miroirs opaques, huit transparences maléfiques.

L’écrivain Eric Reinhardt les a rencontrés, qui présente ainsi dans un texte liminaire leur souveraineté : « Qu’est-ce qu’une reine ? C’est une femme dont l’absence absolue induit paradoxalement une présence absolue. »
Le papier craque, ce sont des bruits de pas dans le gravier, la nuit.
Elles apparaissent, défilent comme à la Fashion Week.
Elles subjuguent et effraient.
Parce que nous savons leur puissance d’engloutissement, et que la fiction dans laquelle elles nous entraînent pourrait être notre tombeau.
Valérie Belin, Painted Ladies, textes Eric Reinhardt, Editions Xavier Barral, édition signée et numérotée de 1 à 800, 2019, 72 pages