L’ordalie, par Sophie Fougy, photographie

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sophie le feu - selection 1- BD (33)
© Sophie Fougy / éditions Primitive

Heureusement, le courrier circule encore, les amis travaillent les questions essentielles, envoient de leurs nouvelles, c’est merveilleux.

Passer par le feu est le dernier fanzine des éditions Primitive (Joseph Charroy), composé à partir de photographies diapositives (1995-2005) de Sophie Fougy.

passer par le feu (14)
© Sophie Fougy / éditions Primitive

Un titre pareil évoque un rite initiatique, un sacrifice, l’essence même de l’art.

Le monde disparaît, nous sommes réduits au périmètre de notre appartement, de notre maison, de notre quartier, la réclusion sanitaire accentuant notre besoin de voir, de nous élargir, de nous rencontrer.

« Le feu, écrit Gaston Bachelard, est l’ultra-vivant. Le feu est intime et il est universel. Il vit dans notre cœur. Il vit dans le ciel. Il monte des profondeurs de la substance et s’offre comme un amour. »

passer par le feu (11)
© Sophie Fougy / éditions Primitive

Mais que voit-on la première semaine de notre exil ?

Le visage d’une belle garçonne, s’étant livrée à quelque cérémonie secrète, du sang séché sur la joue, une Apache aux yeux bleu clair apparue un jour de carnage.

Un territoire de blé incendié par le flash d’une noctambule.

passer par le feu (5)
© Sophie Fougy / éditions Primitive

Une nymphe étendue sur les roches près d’une paisible rivière.

Des amis, une fête, des fleurs, un cours d’eau de montagne que contemple une femme vêtue entièrement de feuilles, une ondine, ou une redoutable combattante en tenue de camouflage.

Une brocante, une nageuse, beaucoup de douceur.

sophie le feu - selection 1- BD (6)
© Sophie Fougy / éditions Primitive

Les images de tonalité élégiaque défilent comme on regarde avec nostalgie sa jeunesse.

Tout est fragile, sensuel, simple et sans argent de corruption.

On fait de la musique en plein air, on porte des costumes d’animaux, on se promène dans l’être, on se déshabille un peu.

On est là et un peu ailleurs, dans une adolescence se prolongeant le plus longtemps possible.

passer par le feu (9)
© Sophie Fougy / éditions Primitive

Ne rien demander à personne, se réunir entre amis, entrer dans le domaine de la poésie vécue.

Au centre de Passer par le feu, il y a une couture rouge, comme une flammèche, une étincelle, ou la fine lisière séparant le rêve de la réalité.

passer par le feu (13)
© Sophie Fougy / éditions Primitive

Etre en feu, s’enterrer dans l’herbe, chanter pour les arbres, se peindre les joues avec du jus de mûres, c’est le début de la vie nouvelle, dont le savoir est très ancien.

Il faut brûler pour briller, n’est-il pas un titre du poète américain John Giorno, publié en 2003 chez Al Dante ?

Quand les bibliothèques ouvriront de nouveau – – –

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Sophie Fougy, Passer par le feu, texte de Gaston Bachelard, éditions Primitive, 2020 – 100 exemplaires

Site de Sophie Fougy

passer par le feu (10)
© Sophie Fougy / éditions Primitive

Editions Primitive

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