« Mademoiselle, je suis beaucoup plus âgé que vous, et je ne sais si je pourrai encore goûter ce légume l’année prochaine. » Le goût de Nagori est celui de la saison qui s’enfuit, emmenant avec elle toute une palette de légumes, fruits, saveurs, couleurs et odeurs. C’est un départ annuel, un voyage à regret,…
Mois : avril 2020
Une histoire du cinéma vagabonde, par Michel Ciment, critique, écrivain
Résume-t-on Une vie de cinéma quand l’auteur s’appelle Michel Ciment, maître de conférence honoraire en civilisation américaine à l’université Denis Diderot – Paris VII, auteur de nombreuses monographies (Kubrick, Angelopoulos, Losey, Rosi, Kazan, Schatzberg, Boorman, Campion), collaborateur à la revue Positif depuis 1963, parmi toute une foule d’autres activités et responsabilités (émissions de radio, participation…
Epuisé de douceur, Frédéric Berthet, écrivain
« Et ils ne voulaient pas me montrer ce qu’il y avait derrière, parce qu’il n’y avait rien derrière, et qu’ils n’auraient pas supporté mon exclamation douce : ‘Mais il n’y a rien derrière ! Encore une glace à la menthe ?’ » Admiré pour une poignée de livres – Daimler s’en va, Felicidad -,…
Sex and death in Badlands, par Tomeu Coll, photographe
Badlands, de Tomeu Coll n’est pas un livre, mais une île espagnole, qui est un territoire mental avant d’être géographique. A Majorque, les paysans retournant la terre découvrent souvent des présences millénaires, étouffées, réclamant vengeance, cherchant à reprendre vie. Comme le poète en photographie, le Wanderer, marchant sur la lisière séparant finement les vivants…
Pathos, envoûtement indien, par Giorgio Negro, photographe
Pathos est le premier livre du photographe suisse d’origine italienne Giorgio Negro né il y a six décennies. Un premier livre, et un coup de maître, tant tout y est de vie intense, qu’il s’agisse des sujets représentés ou du cadrage, brut, ferme, de pur contact. Sensualité des images, du noir & blanc, des chairs,…
Jean Paulhan et Henri Pourrat, une amitié en toutes lettres
« Si l’homme ne reste pas en liaison avec les choses naturelles, il se déshumanise. » Effet de la terreur sanitaire actuelle, j’ai reclassé plusieurs pans de ma bibliothèque – celle du bas, deuxième porte à gauche -, et rassemblé en bonne place quelques livres de Jean Paulhan, d’abord Les fleurs de Tarbes (mais attention,…
De la modernité photographique, par le magazine belge Variétés
Faisant partie du patrimoine des Archives Amsab-IHS – Institut d’histoire sociale à Gand -, où elle fut découverte par hasard, parmi les ruines d’un journal tombé en faillite, la sublime collection des photographies du magazine d’art belge Variétés a fait l’objet pour la première fois d’une exposition à Arles (été 2019) et d’un livre imposant…
La vitre infrangible, le silence, la littérature, par Gérard Titus-Carmel, peintre et écrivain
« Le silence – le mot est lâché -, l’espèce de silence qui, insidieusement, descend sur ces pages comme un brouillard, ou comme une bruine pénétrante, semble vouloir envelopper tout autour de lui ; il transperce jusqu’aux os les vivants et les morts qu’ils échangent, réduisant au strict nécessaire l’usage de la parole. » On…
A sentimental journey, par René Groebli, photographe
Il ne faut manquer aucun des numéros de la revue Les Moments littéraires, concoctée par Gilbert Moreau, il y a toujours une merveille, une pépite, un trésor. Dans le numéro 43 intitulé Amiel & Co, consacré aux diaristes suisses, il y a quelques photographies sublimes, d’un auteur que je ne connaissais pas, René Groebli. Il…
La révolution photographique, par Pierre-Jean Amar, Gilles Verneret et Christine Delory-Momberger
Ces trois livres, il me plaît de les poser ensemble sur ma table de travail, pour écouter leurs conversations secrètes, trouver leurs chemins de concordances, les ouvrir parallèlement et l’un par l’autre. D’abord Histoire de la photographie, de Pierre-Jean Amar, qui est la réédition en collection Que sais-je ? d’un ouvrage ayant fait date pour…
Strange things, spectacles du quotidien, par Jean-Luc Feixa, photographe
Nous avons parfois cette pratique à la fois ridicule et sublime, impudique et touchante, d’exhiber derrière la fenêtre de notre domicile, visible de la rue, un objet, une installation dérisoire, un souvenir mortuaire. Bien sûr, c’est généralement kitsch, d’un insupportable mauvais goût, et pourtant il y a ici de la parole de fond, un discours…
Aux marges du visible, par Sophie Gabrielle, photographe
Through a vulnerable occur est le onzième opus des éditions IIKKI, fruit d’un travail entre la photographe australienne Sophie Gabrielle et le musicien Seabuckthorn, fixé à la fois sur papier et sur disque. Il est ici question d’une scène propice à la pantomime comme à l’apparition du mystère, tel qu’on l’exprime lorsque quelqu’un meurt, ou…