Sex and death in Badlands, par Tomeu Coll, photographe

 

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©Tomeu Coll

Badlands, de Tomeu Coll n’est pas un livre, mais une île espagnole, qui est un territoire mental avant d’être géographique.

A Majorque, les paysans retournant la terre découvrent souvent des présences millénaires, étouffées, réclamant vengeance, cherchant à reprendre vie.

Comme le poète en photographie, le Wanderer, marchant sur la lisière séparant finement les vivants et les hommes.

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©Tomeu Coll

En noir et blanc, Tomeu Coll arpente des territoires où les rites ne sont pas vécus comme des superstitions, mais des remerciements, des prudences, des faveurs.

Les champs brûlent, le paysage s’obscurcit, c’est le pays des royaumes infernaux.

Ici, il y avait des marais, des nuées de moustiques, un air méphitique, et des animaux à foison.

De l’espoir et de la dévoration, du repos et du sang.

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©Tomeu Coll

Un passé qui ne passe pas, et pourtant effacé.

Ici, on s’est probablement beaucoup aimés, désirés, et détestés.

« Le cœur est un chasseur solitaire », répète le photographe avec Carson McCullers, définissant ainsi sa morale d’artiste.

Badlands est un endroit mystique et empoisonné, une figure du destin, le dernier abri des désaxés, un refuge pour la contrevie.

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©Tomeu Coll

 

On y roule sur des ossements, croyant buter sur des cailloux.

Les hommes sont au bar du village, un chien hurle, la nuit étrangle les innocents.

Il y a des chèvres, des brebis, des chevaux, des ânes, et des chemins de maïs qui sont des possibilités de viol.

Il faut apprendre à tirer, à anticiper, à tuer.

Les jours sont âpres, abandonnés, parmi les lamentations des vieux fous errant sur les routes.

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©Tomeu Coll

Ici, le bondage est très artisanal.

Une femme rondelette est hissée sur un chêne.

Cette prisonnière est nue, suppliciée pour rien, ou pour tout, pour le ciel, pour la sève de l’arbre qui la supporte, pour le dingue qui l’a ficelée, pour les yeux des taillis frissonnant de plaisir.

On fait l’amour sur une bâche en plastique, sous le ballet des Airbus amenant les touristes, qui ne sauront probablement jamais rien de la terreur et du manque des gueux.

Tomeu Coll est là, tel un baladin étrange, ou un guetteur, protégé par la carlingue de sa voiture.

Il avance prudemment, entre les oiseaux migrateurs et les squelettes écrasés, en espérant ne surtout pas relancer le mal.

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Tomeu Coll, Badlands, textes Donna Ferrato, Celtia Traviesas and Tomeu Coll, design July Mollik, Kehrer Verlag, 2019, 162 pages

Tomeu Coll – site

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Kehrer Verlag

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