Un charme familial, par Rima Samman, réalisatrice

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© Rima Samman courtesy Galerie 127

Cinéaste d’origine libanaise, auteure notamment en 2009 du film Venise n’est pas Mexico, Rima Samman a reçu en héritage des photographies, des albums de famille.

 A chaque nouveau voyage dans son pays natal, ses proches lui transmettaient des visages, des histoires lapidaires, une mémoire.

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© Rima Samman courtesy Galerie 127

Que faire de cette archive familiale ? Comment recevoir ce legs ? Comment le transmettre sans le trahir ? Comment le réinventer ?

A la façon d’une enfant croyant au merveilleux de l’existence après la mort, Rima Samman a décidé d’opérer la grande mutation des images de la solennité familiale en puissance de vie, en intervenant de façon très joyeuse par le coloriage et la peinture sur un ensemble de photographies en noir et blanc. 

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© Rima Samman courtesy Galerie 127

Avec grâce, douceur, et espièglerie – par l’ajout quelquefois de détails cocasses -, l’artiste semble puiser l’inspiration de ses couleurs dans un grand bocal de loukoums évoquant un imaginaire moyen-oriental extrêmement festif et bon enfant.

Par la force vive des couleurs primaires et complémentaires, les photographies deviennent les épisodes pop d’un film enchanté, égyptien par exemple.

Il n’est d’ailleurs pas douteux que les posters en tissu des films venus du Caire, très populaires au Liban, n’aient imprégné profondément les rêveries d’une petite fille fascinée par le cinéma, ses acteurs à l’aura démesurée, ses histoires sentimentales.

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© Rima Samman courtesy Galerie 127

Effacés par la magie des couleurs appliquées avec fantaisie les tensions, les gênes, les petites tracasseries inhérents aux interactions familiales.

Place à la jeunesse éternelle, au sourire enjôleur, à la drôlerie de l’existant, au bonheur d’être ensemble.

Par le jeu des métamorphoses plastiques, la famille devient le plus beau des fantasmes.

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© Rima Samman courtesy Galerie 127

Titre de la grande illusion : L’amour se porte autour du cou.

Regardant les images coloriées de Rima Samman, l’écrivain Sylvain Pruddhomme pense « jeu des sept familles », « galerie de visages aux sourires suspendus », « petits personnages en carton », « poupées minuscules », « dérisoires figurines ».

« Le roman familial, écrit-il, est un ogre. Il engloutit. Dévore. Extrait. Ampute. Réduit. De toute une existence vécue, il ne conserve qu’une poignée d’anecdotes, ne retient que deux ou trois instants de gloire ou de déconfiture. Se régale d’un détail ou d’un bon mot qui à jamais, dès lors, restera attaché au souvenir de celle ou celui qui n’est plus. »

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© Rima Samman courtesy Galerie 127

Sur fond céruléen, grand-père porte un fez fuchsia, une veste rouge et un tee-shirt orange, quelle classe !

Des robes à fleurs, des souliers verts, des beaux gosses en pantalon vert ou rose.

Carolle Benitah coud directement sur ses albums de famille ou les passe à la feuille d’or, quand  Rima Samman les habille de couleurs neuves.

Avec elle, c’est tous les jours dimanche, et même mieux, Hollywood-sur-Nil.

Zarma, la famille, y a rien de mieux, pas vrai ?

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Rima Samman, L’amour se porte autour du cou, texte de Sylvain Prudhomme, Filigranes Editions, 2020, 80 pages – 800 exemplaires

Site de Rima Samman

Rima Samman est représentée par la Galerie 127 (Marrakech)

Site de la galerie 127

Exposition des photographies de Rima Samman à l’espace photographique du Sauroy du 12 au 15 novembre 2020

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Filigranes Editions

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Ce mois de septembre, Rima Samman est exposée (images et vidéo) au festival photos Portrait(s) de Vichy

Portrait(s) Vichy

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