© Hervé Jézéquel
« L’Islande est un pays merveilleux et sublime. La nature est le monument des Islandais au sens historique comme au sens de sa grandeur, de sa démesure. Bien des lieux donnent à l’homme une impression d’isolement. » (Hervé Jézéquel)
De 1963 à 1967 s’est formée, après une série d’éruptions, à environ une trentaine de kilomètres au sud de l’Islande, une île-volcan, interdite à l’homme, à l’exception de quelques missions scientifiques.
Depuis sa naissance, l’île de Surtsey, subissant l’érosion des vents violents et des marées, ne cesse de rétrécir.
© Hervé Jézéquel
Vanessa Doutreleau, ethnographe, et Hervé Jézéquel, photographe, sont allés à la rencontre de cet environnement singulier, produisant un livre de grande densité, se faisant l’écho, dans la tradition mythologique nordique, des récits s’attachant à son apparition, tout en l’étudiant d’une manière scientifique, la dimension d’imaginaire se mêlant au travail de la raison.
Vue du ciel, l’île est une sorte de poisson clown, ou une plie, respirant au rythme de l’océan et des nuages.
Deux cratères, deux yeux, deux bouches béantes.
© Hervé Jézéquel
Des terres nues, noires, des cailloux, une impression de désert.
Un froid géologique presque lunaire.
L’inlassable travail de sape des vagues.
« Tous les paysages que je connais de l’Islande, témoigne Hervé Jézéquel dans un carnet de terrain, semblent se concentrer ici. Surtsey est un lieu si puissant qu’on en oublierait sa situation dans l’océan. »
© Hervé Jézéquel
Surtsey bouge, vit, change peu à peu de forme.
On peut y observer, en tant quasiment réel, le processus de création de la vie.
« Ce n’est qu’après l’implantation d’une colonie de mouettes, en 1986, que la végétation sur Surtsey commence réellement à prospérer, soit vingt ans après sa formation. »
Dans cette abstraction gelée repose et croît une énergie vitale très puissante.
© Hervé Jézéquel
Si l’on n’était païen, il faudrait y bâtir quelque chapelle pour en chasser les démons.
Le silence est presque impossible, car ici tout frissonne.
Tout est nu, rien n’est pourtant plus habité, plus traversé, plus ordonné selon la loi secrète du grand tohu-bohu originel.
Pour les chercheurs, les lignes de lichens, les traces d’algues, les minces végétaux, les microorganismes sont une mine d’or.
© Hervé Jézéquel
Les bois flottés ont amené les premières araignées, n’est-ce pas merveilleux ?
D’abord en noir et blanc, puis en couleur, l’île de Surtsey passe du fantastique à la douceur rugueuse d’une planète bienheureuse, où viennent s’échouer quelques « bribes d’ailleurs » (Hervé Jézéquel), des bouées, des filins, des ossements, des bouts de canne à pêche, un pneu.
Il y a aussi des elfes, mais, chut, il faut laisser Vanessa Doutreleau en parler, qui les a rencontrés lors de son premier terrain en 1997.
Surtsey n’est pas une terre vierge, mais elle est innocente.
Hervé Jézéquel, Surtsey, La forme d’une île, textes et documents Vanessa Doutreleau, Créaphis Editions, 2020, 200 pages – environ 150 photographies et documents couleur / publié avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
© Hervé Jézéquel
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