© Ragnar Axelsson
Sous-titré « A Tribute to the Sled Dogs of Groenland », Artic Heroes, du photographe islandais Ragnar Axelsson est un hymne impressionnant au chien de traîneau, à sa relation à l’homme, et à sa capacité à s’adapter à des conditions climatiques extrêmes.
Prises entre 1986 et 2019, les photographies en noir et blanc de RAX, acronyme reconnu de l’artiste, témoignent, en grand format vertical, de la somptuosité d’un environnement menacé, notamment par le réchauffement climatique, et du courage d’animaux indispensables, dans les contrées indociles du Groenland, à la survie de l’homme depuis des millénaires.
Dans des températures à peine soutenables, dans les tempêtes de neige, dans le blizzard, dans la violence des vents septentrionaux, le chien de traîneau, nécessaire aux chasseurs, est un maître sauvage et obstiné.
© Ragnar Axelsson
Des chaînes en fer, des luttes de domination, et des yeux terriblement séducteurs.
Ouverture au noir, des silhouettes, des rais de lumière, des silhouettes d’hommes, et des chiots giflés par la neige apprenant le dur métier de vivre.
Les crocs sont acérés, les gueules béantes, l’animal n’est pas une figurine de Marvel, mais un féroce combattant.
Ragnar Axelsson, dont le livre relève aussi la parole de chasseurs inuits narrant un mode de vie à la fois ancestral et perturbé, a construit Artic Heroes à l’intersection du document et du livre d’art.
© Ragnar Axelsson
Des glaces, des chaînes montagneuses, des habitations vues du ciel, le langage du blanc et des lignes de faille.
On ne sait pas forcément d’où vient le danger, mais ici, au pays des phoques, la beauté grandiose est partout.
Un chien s’avance, solitaire, oreilles dressées, c’est Ajax marchant calmement, manifestation de la conscience dans l’incarnation.
Des maisons à l’assise menacée par la banquise craquelée de toutes parts.
© Ragnar Axelsson
De la hargne.
De la tendresse.
L’alerte des guetteurs.
Artic Heroes est un film à grand spectacle provoquant l’effroi et l’admiration, pour les chiens nobles et robustes, pour les hommes persistant malgré tout dans leur être, pour le travail du photographe en immersion.
Les conditions sont impossibles, il faut tenir une nouvelle fois dans le froid insupportable, le vent est un despote.
Peine, endurance, rage.
© Ragnar Axelsson
Les chiens de traîneau apparaissent ici comme les véritables habitants d’un territoire hostile, les gardiens d’un monde premier, des pionniers, des loups à peine apprivoisés.
Ce sont des esclaves attachés au radeau d’une Méduse polaire, et des conquérants de l’impossible.
Des chefs et des suiveurs, attendant leur heure pour conduire la petite troupe incroyable.
Sublime d’un ours polaire observé de près, de blocs de glace détachés occupés par une meute, de chasseurs à l’allure quasi préhistorique.
Mais Artic Heroes se construit aussi à la lisière du fantastique. Ciels d’un noir intense, géométrie de la banquise qui se fend, hallucinations de fourrures et de poussières d’étoiles.
Ragnar Axelsson aime ces chiens qu’il n’a cessé de photographier, leur offrant par ses images, comme Jack London en littérature, un temple de protection et de révélation.
Ragnar Axelsson, Artic Heroes, texts Ragnar Axelsson, design Einar Geir Ingvarsson, Kehrer Verlag Heidelberg, 2020, 290 pages
nice topic thanks
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C est beau et tellement joliment raconté !
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