©Anton Delsol
« Entre tant de beautés que partout on peut voir, / Je comprends bien, amis, que le désir balance ; /
Mais on voit scintiller en Lola de Valence / Le charme inattendu d’un bijou rose et noir. » (Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal)
Depuis plusieurs années, j’aime suivre la façon dont le photographe bordelais Anton Delsol construit ses séries, élit ses modèles, développe ses obsessions et fantasmes.
Avec Lola – titre de son dernier fanzine –, la magie de la rencontre une nouvelle fois opère.
©Anton Delsol
On se souvient de Lola de Valence, tableau d’Edouard Manet peint en 1862, portrait dont l’érotisme, pourtant discret, fit scandale, la belle étrangère photographiée par Anton Delsol n’étant cette fois pas espagnole mais réunionnaise.
Choix des lieux – une maison vide, noble et vétuste -, choix des poses – sur le carrelage, sur le parquet, contre la tapisserie -, choix des tissus – un pull moelleux, une culotte noire, des gazes -, choix des bijoux – un double collier, des piercings, un bracelet, des bagues.
©Anton Delsol
La chevelure est abondante, frisée, cachant parfois partiellement le visage, qui est celui du jeune Dürer, affichant une morgue masquant probablement de très intimes tremblements.
Le noir & blanc sied bien à la peau de l’exotisme océanien, îlien, indien.
Lola ouvre les mains, propose l’offrande de son apparence, danse dans l’objectif du regardeur conduisant, éconduit.
©Anton Delsol
Quelques grains de beauté au-dessus de la poitrine forment une courbe très douce où l’œil s’égare avant de se transformer en bouche désirante.
Mais la belle se maîtrise, retient encore la fureur qui palpite en elle, il faudra lui bander les yeux pour commencer à la libérer d’elle-même.
Un geste revient, gracieux, d’une main protégeant la gorge.
©Anton Delsol
Parce qu’un cri doit en sortir, dont on peut supposer qu’il sera de tout l’être.
Un jour peut-être.
Voici Lola la joueuse sur le chemin de sa vérité.
©Anton Delsol
Anton Delsol, Lola, autopublication, 2021
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