Canicule, torpeur et fureur de vivre, par Laurent Reyes, photographe

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©Laurent Reyes

« Il est midi. La canicule tombe des ormeaux bleus et noirs où éclate le cri d’une cigale. » (Clara d’Ellebeuse ou l’histoire d’une ancienne jeune fille, Francis Jammes, 1899)

C’est un livre ayant la tête à l’envers, commençant par le colophon et finissant par la photographie d’une portière ouverte laissant apparaître un bouquet de fleurs séchées dans une lumière rappelant L’été meurtrier, de Jean Becker (1983).

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©Laurent Reyes

Laurent Reyes aurait-il été frappé d’insolation comme Jonas sous son ricin flétri ?

L’hypothèse n’est pas invraisemblable lorsque l’on a construit comme un astre orange, c’est-à-dire d’incandescence, l’ouvrage Canicule.

Dédié au grand Phoebus, ce volume tenant aisément dans la main – comme un soda de brûlure fraîche ? – témoigne en ses images de différentes natures – pellicules couleur, noir et blanc, diapositives, techniques argentiques – d’un flux de vie alors que la torpeur règne.

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©Laurent Reyes

Canicule est drôle, inconvenant, insolent, provocateur, fou, bouillonnant.

Y plane comme l’ombre du Jugement Dernier.

Qui es-tu ? Qu’as-tu fait de ta vie ? Qu’as-tu fait de l’amour ?

Phénomène climatique intense – on peut se rappeler l’étymologie italienne de petite chienne d’un terme évoquant l’étoile de Sirius, la plus brillante dans la constellation du Grand Chien – la canicule est aussi dans le regard de Laurent Reyes un état de fièvre intérieure, comme une surprise de combustion spontanée.

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©Laurent Reyes

La sensualité est omniprésente, les corps suent, se déshabillent, se glissent là où l’air est un voile de douceur.

La chaleur est une ivresse qui invite à envoyer dinguer culottes et bienséance.

Une fille pisse dans un lavabo en riant, un homme glisse sur une barre d’escalier, l’horizon, tout au bout de la savane, prend feu.

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©Laurent Reyes

Il n’est plus temps pour faire des projets, imaginer demain, thésauriser, non, tout pour l’instant et les embrassades, le plaisir d’être, la fête, la joie de compassion universelle.

Toutes les images ne sont pas réussies, il y a des flous, des surexpositions, des sous-expositions. Et alors ? Quelle importance quand il s’agit d’abord d’exprimer le swing de l’être, et non l’effroi du néant ?

Les amis font des doigts d’honneur, les filles n’ont peur de rien, on vit la nuit.

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©Laurent Reyes

Le sexe est-il le plus puissant des psychotropes ou un médecin jaloux ?

Laurent Reyes écrit son journal, tente de comprendre ce qu’il lui arrive, puis part au camping faire l’amour avec la plus jolie fille du monde.

Canicule est un livre baroque, excessif, sexy, obsédé par la beauté du corps féminin.

Pas le temps pour la mélancolie, pour la dépression, pour la stagnation, et pourtant…

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©Laurent Reyes

Le soleil est un astre noir, Shiva n’est pas si douce qu’on croit, les îles nues sont peuplées de sirènes carnassières.   

« Pendant la canicule, nombre de personnes s’écrient : « C’est effrayant, il y a 35e à l’ombre ». Mais qui les oblige à rester à l’ombre ? » (L’os à moelle, Pierre Dac)

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Laurent Reyes, Canicule, textes Jean-Christophe Boucard, Sébastien Maufroid, Laurent Reyes, graphisme couverture Kevin Chouchounoff, conception graphique et maquette Emmanuelle Ancona, Arnaud Bizalion Editeur, 2022

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Laurent Reyes – site

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©Laurent Reyes

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