
©Pierre de Vallombreuse
L’impression en riso, proche d’une sérigraphie mécanisée, donne aux images une qualité de vie et d’expressivité remarquables.
Publié chez Editions Bessard dans la belle collection L’Atelier Risographique (un nouveau titre d’Elie Monferier vient de paraître), Lost Grace est un volume, conçu par Pierre de Vallombreuse, dédié au peuple Palawan (Philippines), dont le photographe est ami depuis plus de trente ans – voir notamment Une Vallée paru chez The (M) Editions en 2018.

©Pierre de Vallombreuse
Lost Grace est un paradis perdu, l’ultime région sauvage des Philippines connaissant désormais de grands bouleversants dus notamment au développement de tourisme.
En attendant, semble dire avec douceur Pierre de Vallombreuse, on peut encore rêver au temps d’avant, même si tout est devenu ambigu.
Des enfants se baignent, mais n’est-ce pas plutôt une noyade, ou un sauvetage ?
La jungle – en noir & blanc très contrastés – est superbe, mais les nuages denses font planer une menace.

©Pierre de Vallombreuse
Un homme fume adossé à un arbre, mais son visage halluciné n’est-il pas l’effet d’une drogue le détruisant psychiquement ?
Un garçon se balance sur une liane à des hauteurs vertigineuses, symbole d’une liberté condamnée.
Des corps s’avancent en procession dans une végétation luxuriante en une forêt où le sacré est une palpitation de vie permanente.
Apprendre à se diriger.

©Pierre de Vallombreuse
Apprendre à chasser.
Connaître le secret des plantes.
Se loger avec le même art que les Anciens.
Oui, mais pour combien d’années, voire de mois, encore ?
Pierre de Vallombreuse fait le portrait d’un monde en suspension, entre équilibre des forces endémiques et bascule dangereuse dans l’abêtissement moderne.

©Pierre de Vallombreuse
Les enfants et jeunes adolescents capables d’écouter le langage des pierres et les murmures des arbres sont les rois et reines d’un espace premier protégé par la brume.
Un artiste-photographe est là, conscient de la fragilité des mystères, témoignant de ce qui bientôt ne sera probablement plus.
Il n’est pas possible de regarder Lost Grace sans songer au saccage de la beauté, au pourrissement des âmes par la vulgarité du consumérisme mondial, à la fin de la possibilité de l’innocence.
Apparaît un hélicoptère qu’on pourrait appeler aussi Apocalypse Now.
En attendant le napalm (ou la pollution achevée des esprits), on peut toujours s’enchanter du mode de vie d’un peuple dialoguant avec une nature généreuse où les enfants rient.

Pierre de Vallombreuse, Lost Grace, book design Thibault Geffroy, L’Atelier Risographique – Editions Bessard, 2021 – 100 exemplaires numérotés
https://editionsbessard.com/product-category/books/

http://www.pierredevallombreuse.com/