Vers la délivrance, par Antonio Jiménez Saiz, photographe, et Sarah Pinckers, medecine woman

©Antonio Jiménez Saiz

La sixième livraison de La paix, nulle part ailleurs surprend, désoriente, ravit.

Se rapprochant de la peinture, ce nouvel opus est une expérience spirituelle à la Rothko.

Des aplats de rouge bordés de blanc, un homme fantomatique à peine perceptible, une impression de feu du Jugement Dernier.

La couleur fait penser à ces tentures de velours carminé que l’on trouve quelquefois en guise de porte dans les confessionnaux des églises andalouses.

Federico Garcia Lorca, priez pour nous !

Il faut faire silence, laisser monter en soi les visions, accepter de ne pas soulever le voile brûlant d’Isis.

©Antonio Jiménez Saiz

Par quelle force de tourment est-il accablé cet individu se tenant la tête comme un possédé ?

Y a-t-il une solution ?

Peut-on s’échapper ?

Le bourdonnement des Erinyes doit-il répandre tant de sang sur la page ?

Même quand il n’y a rien d’autre qu’une pure surface colorée, l’œil cherche une forme, et en trouve, on appelle cela l’inconscient des images.

Au centre des feuilles associées sans reliure, il y a un cahier à déplier de plus petit format, imaginé par la plasticienne et guérisseuse Sarah Pinckers.

Formée à la médecine ayurvédique, celle-ci élabore sa pratique à partir d’une conscience aiguë de l’unité corps-esprit-âme.

©Sarah Pinckers

Tel un kakemono, sa suite de dessins invente une colonne vertébrale aussi rouge que les photographies de son complice Antonio Jiménez Saiz.   

Il y a au verso – lecture en leporello – des vertèbres peintes d’autres signes, d’autres écritures, d’autres logogrammes, et des mots disant la catastrophe, la rage et l’éclaircie.

Acte 1 : « d’abord / il y eut / une longue / & lente / accélération »

Acte 4 : « Naze insomniaque / de ceux sui se sont / démis le cœur »

Acte 7 : « penser dans le regard / de l’autre & avec force / étreindre la nuit / qui s’en va »

Oui, il faut remercier, notre colère comme nos amours, nos ennemis comme nos visages camarades.

Dans le brasier de l’univers un homme a disparu.

Réjouissons-nous, il est libéré, comme le petit être né des sanies sanglantes de l’accouchement.

N’appelle-t-on pas en obstétrique ce moment fondateur « la délivrance » ?

Antonio Jiménez Saiz & Sarah Pinckers, La paix, nulle part ailleurs, volume 6, automne 2023 – 30 exemplaires numérotés

https://www.instagram.com/sarah_pinckers/?hl=fr

©Sarah Pinckers

Disponible à L’Enfant Sauvage (Pauline Caplet), Bruxelles

https://www.enfantsauvagebxl.com/a-propos

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