Debout, face à l’effondrement, par Etienne de Villars, photographe

©Etienne de Villars

Ces lieux, promis à la démolition, ce sont les leurs.

Ces habitants, bientôt privés de racines, ces jeunes jouant simplement en ces espaces devenus indésirables, sont des veilleurs.

Avec Sur une voie silencieuse, Etienne de Villars rend hommage à la jeunesse de la cité du Parc Kalliste à Marseille, le photographe ayant entamé son travail de mémoire et d’alerte après l’annonce de la destruction du bâtiment B.

©Etienne de Villars

Associant photographies d’archives (plan de masse, permis de construire, vue aérienne…) et personnelles, en noir et blanc, cet ouvrage dont la tonalité douce ne cache pas l’âpreté de la situation montre avec pudeur des destins bouleversés.

Construite dans les années 1960, et comportant 9 immeubles (753 logements), la cité du Parc Kalliste, précise Soraya Amrane, l’éditrice, est située à flanc de coteaux dans le secteur Noter-Dame-Limite, au nord de Marseille.

Bien loin des clichés sur la violence des quartiers périphériques, Etienne de Villars regarde les jeunes dans leur environnement quotidien, seuls ou en bande, en discussion ou en mouvement, attendant sous le soleil ou se déplaçant dans une nature à la fois minérale et bucolique.

©Etienne de Villars

De petit format, les photographies sont des aperçus sans aucun voyeurisme de la géographie des bâtiments et des corps occupant le territoire.

Sur une voie silencieuse propose une alternance de portraits et de paysages, un dialogue entre le béton et le végétal sous un ciel méditerranéen puissant.

Comportant beaucoup de blanc, ce livre invite chacun à l’introspection, et à dépasser les jugements hâtifs sur la vie des habitants des grands ensembles.

©Etienne de Villars

Il y a des sentes et des roches, des taillis et des escaliers en ciment.

On pourrait quelquefois se croire à Cuba ou à Casablanca, mais l’on est à Marseille, d’une ville-monde à nulle autre pareille.

Sur une voie silencieuse est une œuvre portée par un sentiment général de dignité humaine et attentif à la singularité des personnes qu’il représente.

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Les grues de démolition piquent tels des vautours les étages supérieurs d’un immeuble, les vies vont se réinventer.

Panta rei, disait le vieil Héraclite, oui, mais, dans la recomposition des existences, un livre, frêle esquif mémoriel, n’oublie pas.   

Etienne de Villars, Sur une voie silencieuse, Park Kalliste, Marseille, directrice de collection Soraya Amrane, éditions Zoème, 2023, 80 pages

©Etienne de Villars

https://etiennedevillars.com/

©Etienne de Villars

https://zoeme.net/sur-une-voie-silencieuse/?fbclid=IwAR1DDbgLZ6_lccad_BqFDQYJiJYVFy5Z4QBc9wUCYX8dncYiYQWMGUWaeUg

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Commandé chez Zoème ! Merci pour cet article

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