L’esprit vagabonde, par François Sagnes, photographe, et Guillaume Geneste, tireur-auteur

13 rue de l’Abbaye, Paris, août 1981 ©François Sagnes

« La chambre noire est le lieu idéal pour s’inventer des histoires où l’esprit des tireurs vagabonde tout autant que celui des photographes qui parcourent le monde. » (Guillaume Geneste)

Tireur de photographique argentique et numérique pour de nombreux artistes prestigieux – laboratoire La Chambre Noire, à Paris -, Guillaume Geneste est aussi auteur, en témoignent notamment les formidables Le tirage à mains nues (Lamaindonne, 2020), livre unique sur l’art du tirage, et Autoportraits de famille, série photographique au long cours consacrée à ses proches publiée en plusieurs volumes par Filigranes Editions.

Pour les éditions rochefortaises Les petites allées – collection Pour dire une photographie dirigée par Serge Airoldi – Guillaume Geneste a écrit le très beau Vagabondages, qui est moins le commentaire d’une photographie de François Sagnes – intitulée 13 rue de l’Abbaye, Paris, août 1981 -, qu’une dérive sensible à partir d’une image aux sens denses. 

Que voit donc le tireur penché sur sa cuvette de révélateur ?

Une photographie de son ami Bernard Plossu, alors que François Sagnes vient de lui apprendre par mail, proposition apparaissant sur l’écran de son Smartphone éclairé par la lumière inactinique de l’atelier, qu’il souhaiterait qu’il écrive pour lui.

Guillaume Geneste poursuit ses bains, tout en réfléchissant, pensant à la fois à Depardon (Errance, 2000), à Georges Simenon et à son complice de toujours Denis Roche.

Il n’y a pas de hasard mais des rendez-vous à honorer.

Un rendez-vous avec un mur lépreux faisant songer au temps des lettristes et des affichistes.

Un rendez-vous avec un homme noir de peau qui court jusqu’à l’exténuation – pourquoi ? pour fuir qui ?

Un rendez-vous avec l’éditeur Robert Delpire qui avait sa maison d’édition et une galerie à ce même numéro, 13 rue de l’Abbaye.

Un rendez-vous avec une année, 1981, alors que Bernard Plossu arpentait Californie et Nouveau-Mexique.

L’esprit erre, les images errent, les mots errent.

Guillaume Geneste comprend le tirage comme interprétation, ainsi ce que la vie lui apporte sur un plateau d’argent – ou de sel de sélénium -, soit une photographie emblématique d’un auteur de grande rigueur vivant désormais essentiellement à Douarnenez – voir notamment ses livres chez Créaphis Editions.

« Tous les photographes que j’ai pu rencontrer depuis que je tire, précise-t-il, qu’ils soient auteurs ou artistes, amateurs ou professionnels, de l’époque de la pellicule ou des cartes mémoire, peu importe, tous me donnent à voir et à interpréter ce qu’ils ont soigneusement découpé dans le réel, dépassant par leurs regards acérés le simple témoignage du photographe-reporter pour me faire partager leur vision du monde dans une poïétique – mot cher à François Sagnes – qui leur est propre. »

Guillaume Geneste, pour dire une photographie de François Sagnes, Vagabondages, Les petites allées, 2025 – 200 exemplaires numérotés

https://www.lespetitesallees.fr/edition/les-collections/vagabondages/

http://www.la-chambre-noire.com/

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/par-les-temps-qui-courent/guillaume-geneste-la-photographie-est-un-leurre-qui-vous-fait-croire-qu-elle-peut-arreter-le-temps-1316989

https://www.francois-sagnes.fr/

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