L’histoire de la revue littéraire, Ligne de risque, vingt ans d’activités clandestines et de grandes découvertes, est celle de la victoire du pou lautréamontien contre le cachalot social, soit le salut par l’écoute fine de la parole parlante contre le projet démoniaque de tarissement de la source de l’être. Avec Yannick Haenel, écrivain parmi les…
Étiquette : James Joyce
L’effondrement du grand barrage, par Emmanuel Ruben, écrivain
Sous les serpents du ciel, de l’écrivain Emmanuel Ruben, est un roman polyphonique, de forme opératique (Michel Leiris), situé dans un territoire imaginaire coupé en deux par un grand barrage qui s’effondre. Structuré par les paroles d’un quatuor de personnages donnant tour à tour leur point de vue sur les événements, commentés également, comme dans…
Hélène Cixous, l’écriture comme schibboleth, par Véronique Bergen
Il est très rare d’avoir la sensation d’être le contemporain d’un génie littéraire. Inventeur d’une langue-monde, sauvage, radicale, Hélène Cixous a fait du français une langue étrange, presque étrangère, entée sur l’inconscient, surtout de puissance magique, capable de rétablir, depuis une position d’exil fondamental, le lien malmené, inaperçu, entre les vivants et les morts. Immédiatement…
La fraternité Louis Guilloux, par ses amis réunis
La fidélité est une force motrice capable bien souvent de produire des merveilles et d’annuler, par le temps du ressouvenir actif, l’irréductible de la mort. A Saint-Brieuc, où vécut Louis Guilloux (1899-1980), une très belle société d’amis fait vivre depuis de nombreuses années la mémoire de l’auteur du prodigieux Sang noir (1935), livre de grande…
Nathalie Sarraute aux Etats-Unis, un roman nouveau
En 1964, alors que son quatrième roman vient de paraître en anglais (Les Fruits d’or), Nathalie Sarraute est invitée à donner un cycle de conférences aux Etats-Unis. Son mari, avocat au barreau de Paris, ne peut pas l’accompagner. Vingt-quatre lettres du « petit Fox » à son cher « Chien Loup » pallieront l’absence. Ayant attendu longtemps qu’advienne une…
Edwarda, la beauté sereine d’une comtesse aux pieds nus
Edwarda était une jeune fille habillée de gaze, c’est désormais une comtesse aux pieds nus. Edwarda est une revue toujours aussi désirable, mais autrement. L’érotisme était sa manière première, avant que ne s’émancipent les phrases de la seule attraction des corps et de l’aimantation des regards. Si son douzième numéro, au sous-titre très inspirant, « Débuts…
L’enchâssement des temps et des espaces, Grand Mekong Hotel, par Jean-Christophe Norman (3)
« Au printemps 2015, Jean-Christophe Norman s’est rendu au Cambodge avec l’idée de reproduire sur le Mékong les contours de l’appartement dans lequel Marguerite Duras a vécu à Paris rue Saint Benoît et que le cinéaste Benoît Jacquot lui a dessiné de mémoire. Il était alors questions d’opérer une soudure dans l’espace et de faire se…
La France suffoque, par Philippe Sollers
« La pensée de la véritable Histoire ne paraîtra qu’aux peu nombreux. » (Heidegger) Depuis des années, chaque semaine, Philippe Sollers et le journaliste voltairien Franck Nouchi (Le Monde) se rencontrent pour discuter de l’actualité et de la littérature. Chacun apprend de l’autre, car chacun aime apprendre et s’informer, dans le désir de découvrir l’envers des cartes,…
Le solo de cornet des îles gaéliques, Hugh MacDiarmid poète écossais, ou la grande amitié des choses créées
La publication du premier recueil anthologique du poète écossais Hugh MacDiarmid, Un enterrement dans l’île, par les éditions Les Hauts-Fonds est un événement. Considéré en Ecosse comme un poète majeur, très peu nombreux sont les lecteurs de la sphère francophone à le connaître. La superbe traduction du poète Paol Keineg permet aujourd’hui de réparer une…
Les aigles viendront et lui crèveront les yeux – ou les épiphanies de James Joyce
Sur le front joycien, les bonnes nouvelles s’accumulent. Après les publications récentes de Brouillons d’un baiser chez Gallimard (traduction et préface de Marie Darrieussecq) et de Giacomo Joyce chez Multiple (traduction de Georgina Tacou, postface de Yannick Haenel), les éditions Trente-trois morceaux de Lyon republient aujourd’hui avec une grande élégance les Epiphanies de l’auteur d’Ulysse,…
Sur un air de John Dowland, le passage de la nymphe, par James Joyce
Pourquoi la rencontre d’une nymphe bouleverse-t-elle tant ? « Qui ? Un visage pâle cerné de lourdes fourrures odorantes. Ses gestes sont craintifs et nerveux. Elle utilise un face-à-main. Oui. Une brève syllabe. Un rire bref. Un bref battement de paupières. » Vénus à la fourrure (Leopold von Sacher-Masoch), Molly qui s’ignore (oui), la jeune personne de qualité que…