Le mécano de la General, 1927, de Buster Keaton et Clyde Bruckman « Je finis par noter des phrases que je sais par cœur, pour passer aux suivantes. » Apparaître dans un film muet burlesque, grotesque, atroce, merveilleux, appelé vie. Commencer à bouger les lèvres, n’être entendu des spectateurs que par l’intermédiaire de pauvres cartons. Ecrire de…
Étiquette : prose
Libérez la matière, proses et sonnets de Guillevic
Dans les champs, 1959, Pierre Tal-Coat « Pour mieux voir en vous / Prenez les mots / Comme lunettes. » Retrouver les mots de Guillevic, c’est renouer avec la tonalité d’une poétique à la française héritière de Pierre Reverdy, concrète et malicieuse, inventive et simple, nue et enchanteresse comme un fier mégalithe planté de guingois dans la…
La suite, c’est l’infini, par Antonio Jiménez Saiz, photographe-écrivain
©Antonio Jiménez Saiz « le martel dément (le martèlement) / / le martèlement le martèlement le martèlement » Vous connaissez peut-être, sûrement, le nom et le travail du photographe Antonio Jiménez Saiz, dont je suis attentivement le travail depuis plusieurs années. Avec son dernier opus, La procession des rythmes, certes encore parsemé d’images (le serpent du sacré,…
Photographie, espace vacant, par Marc Blanchet, poète
©Marc Blanchet « Je découpe du paysage dans du paysage. » Poète, essayiste, écrivain de récits, Marc Blanchet est aussi photographe, qui publie deux livres à L’Atelier contemporain associé aux éditions Immanences, And Also The Trees et 17 secondes. Tirées aux sels palladium par Anne-Lou Buzot, les vingt-et-une photographies de And Also The Trees saisissent le regard…
Ecrire au bruit des tarabouks, par Gustave Flaubert, écrivain, épistolier
« Si tu veux savoir l’état de nos boules, nous sommes couleur de pipe culottée. Nous engraissons, la barbe nous pousse. » Philippe Sollers a souvent recommandé de commencer la journée, non seulement par la lecture du journal (leçon de Hegel), mais par celle de quelques lettres de la correspondance de Voltaire, ou de Louis-Ferdinand Céline. Voltaire…
Tientos, présence et tremblements, par Inigo de Satrustegui, écrivain
©Frédéric Lefever « On ne remonte jamais assez haut. Il faut envisager ce qui commença de se manifester dans l’activité humaine lorsqu’un néandertalien rapporta, tout au fond de sa grotte, un coquillage, un polypier fossile et un bloc de pyrite de fer. » J’ai découvert grâce à Serge Airoldi une voix, celle d’un écrivain rare, scrupuleux, attentif…
Sartre à contretemps, par François Noudelmann, essayiste
« Vivement la littérature dégagée ! » (Sartre, 1952) On peut être pour ou contre Sartre, préférer avoir tort avec lui en dénonçant ses excès verbaux – « Tout anticommuniste est un chien. », l’appel au meurtre de la préface des Damnés de la terre, de Frantz Fanon – que raison avec ses détracteurs donneurs de leçons, et bien moins…
Jeter des pierres au vent, par Federico Garcia Lorca, proses inédites
« Rien de plus antipoétique que le lien logique entre deux objets de quelque espèce qu’ils soient. Il faut briser les amarres des liens visibles et invisibles. Il faut laisser les objets et les concepts aller librement où ils veulent, qu’ils luttent, qu’ils volent pour que le monde soit plus amusant et que puisse exister la…
Le prix de l’écriture, par Pierre Bergounioux et Jean-Paul Michel
« On est désormais deux grands garçons qui n’ont plus rien à foutre du plus-que-parfait du subjonctif. » Dans ses journaux intitulés Carnets de notes (trente-cinq années disponibles chez Verdier en quatre gros volumes), dans ses essais (Le style comme expérience, L’Olivier, 2013), dans ses entretiens (Où est le passé, avec Michel Gribinski, L’Olivier, 2007), Pierre Bergounioux…
Une vie ordinaire, par Paol Keineg, poète
« Le temps est beau, on voit les clochers de Hanvec et de Rumengol, et moi j’écrase les doryphores à deux pieds avec le sentiment exaltant d’écraser l’infâme. » Paol Keineg n’a pas besoin de jouer au poète pour en être entièrement un. Lorsqu’on connaît la sensation poétique de l’existence, sa fragilité, son inouï, sa drôlerie, et…
Désordres d’un lieu et son retour, une ballade de Julien Marchand au fusil photographique
Désordres d’un lieu et son retour, du photographe Julien Marchand est un song, un songe, un conte cruel du quotidien, un ensemble de drames taciturnes. Ses images pâles, floues ou parfaitement nettes, sont des indices, des traces, des sensations. Pas de fil narratif direct, mais des amorces de récits, et la perception d’un danger : des…