Hors de la beauté du monde, point de salut, par Hélène David, photographe

Noces ou les confins sauvages
© Hélène David

« Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. A certaines heures, la campagne est noire de soleil. Les yeux tentent vainement de saisir autre chose que des gouttes de lumière et de couleurs qui tremblent au bord des cils. »

En écrivant en 1936 Noces à Tipasa, Albert Camus cherchait à célébrer le plein accord de l’homme et de son environnement, de la grandeur insoutenable du ciel et de la respiration humaine.

Noces ou les confins sauvages
© Hélène David

En composant le récit photographique Noces ou les confins sauvages (publié par Céline Pévrier aux éditions sun/sun, 2017), Hélène David magnifie la rencontre du corps des êtres pleinement vivants et de l’espace méditerranéen, des enchantements aquatiques des calanques et du littoral qui les frange.

Son livre est une ode au monde premier, une exaltation du merveilleux de la nature, une tentative poétique de saisie de l’indemne.

Noces ou les confins sauvages
© Hélène David

Construit comme une expérience sensorielle, intercalant entre ses images des feuilles de papier gaufré  à parcourir du bout des doigts, comme les parois d’une grotte sous-marine, Noces ou les confins sauvages fait de l’eau son élément majeur, et des êtres nus qui y plongent ou en sortent des divinités grecques, des naufragés sauvés.

La matière est sensuelle, fascinante en ses nuances de bleu, et ses gouttes de lumière en suspension dans une eau aux poumons de méduses.

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© Hélène David
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© Hélène David

Plonger, perdre la notion du temps, découvrir les secrets d’un monde inconnu, des algues sous les remous, des formes étranges, un couple ayant trouvé le chemin du paradis des amours maritimes.

C’est l’été, c’est l’Âge d’or ovidien, l’émoi des sens, l’envie d’une douce sauvagerie.

La nature est surprenante, merveilleuse, alors que des corps enlacés naissent des ailes duveteuses.

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© Hélène David

Pour les saluer, Donatien Garnier invente un chant : « /// : la nudité sans ruse… c’est par là qu’ils aiment se perdre… »

Aux confins de Marseille, la roche et la mer célèbrent leurs noces, comme à Ephèse, comme à Tanger.

Ici, tout est posé dans un équilibre supérieur, dans une raison excédant les guerres de surface.

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© Hélène David

Se lève la joie simple d’être là, dans un conte outremer, dans l’air du matin bientôt gorgé de chaleur, et peut-être, alors que le vent met à nu les roches et les âmes, la sensation d’une suprême beauté tragique à portée de regard, de main.

« Un grand bonheur se balance dans l’espace. » (Albert Camus/Hélène David)

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Hélène David, Noces ou les confins sauvages, texte de Donatien Garnier, dessins Gildas Secretin, graphisme Alexandre Rivault, éditions sun/sun, 2017, 160 pages, 60 photographies + 6 illustrations gaufrées – 1000 exemplaires

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Site d’Hélène David

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