L’art pariétal du peintre et photographe américain John Divola

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Image from John Divola,
Vandalism
(2018).
Courtesy of the artist and MACK

Vandalism est un travail de John Divola effectué entre 1974 et 1975 en Californie.

Muni de bombes de peinture, l’artiste né en 1949 est entré dans des maisons abandonnées de sa ville, Los Angeles, marquant les ruines de dessins et signes formant une vaste fresque éclatée entre les diverses habitations délabrées qu’il a pu visiter, documentant en outre son œuvre en photographiant méthodiquement son geste graphique en noir et blanc.

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Image from John Divola,
Vandalism
(2018).
Courtesy of the artist and MACK

Sartre l’a bien montré dans les pages éblouissantes de son essai d’ontologie phénoménologique L’être et le néant (1943), l’action créatrice se soutient de la destruction d’un ordre antérieur, ce en quoi s’emploie Divola en transmuant des lieux symbolisant la déréliction en force de vie retrouvée.

Ses actes de transformation sont des installations modestes conçues en fils de fer et cartons, jointes à un fouillis de traces organisées de nature abstraite ou ésotérique faites au spray sur les murs lépreux du rêve américain.

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Image from John Divola,
Vandalism
(2018). Courtesy
of the artist and MACK
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John Divola,
Vandalism
(2018). Courtesy of the artist
and MACK

La ville délaissée, promise à la dégradation rapide et aux pillages de toutes sortes, redevient terrain de jeu, Divola retournant le vandalisme supposé de son entreprise d’effraction en processus de resacralisation païenne.

De la poussière et des gravats s’élèvent des points de peinture, des traits sioux, des arches improbables, comme si Miro réinventait de l’autre côté de l’Atlantique ses figures magiques dans le bris des carrelages et les lambris de papiers peints décollés.

Les maisons ressuscitent ainsi par la grâce des formes premières, séries de cercles concentriques, ronds proliférants, chemins de lumière.

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Image from John Divola,
Vandalism
(2018).
Courtesy of the artist and MACK

Les plafonds troués regardent des polygones inattendus.

John Divola invente ainsi une écriture cabalistique, extraterrestre, dont le déchiffrement semble dévolu aux générations futures, bien plus intelligentes que nous, bien plus douées pour comprendre les secrets des origines.

L’artiste américain est une sorte de performeur pariétal, de graffeur australopithèque, faisant des troglodytes qu’il investit de toute la puissance de son imaginaire des cavernes d’après-catastrophe.

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Image from John Divola,
Vandalism
(2018).
Courtesy of the artist and MACK

On pourrait croire que le land art ne s’applique qu’à la nature en sa pleine extériorité.

Proposons ici avec Divola d’étendre la notion à l’intériorité des structures précaires.

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Image from John Divola,
Vandalism
(2018).
Courtesy of the artist and MACK

Ses peintures sont des impacts de comètes sur la surface d’une psyché de béton, des constellations d’astres tourbillonnant dans l’univers.

On contemple son travail comme on déguste des champignons, avec la sensation de traverser le temps, et d’absorber des pastilles de couleurs ayant la force démesurée du LSD.

Divola_Cover

John Divola, Vandalism, MACK, 2018

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