Le plaisir de la subversion carabinée, par Jacques Cauda, écrivain, peintre

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© Jacques Cauda

« Où j’habitais, dans la banlieue de Paris, Mai 68 se vécut comme un grand dimanche. Les grèves paralysaient tout, et malheureusement mes parents à domicile. Déconfits, hurlant à l’assassin, maudissant les grévistes, les feignants mettant la France dans le vide. Les étudiants dévoyés. Des affameurs. Ils remplirent leur placard. Sucre, pâtes, huile. Et stockèrent de l’essence en bidons dans la cave. C’était la chienlit, gueulaient-ils, en faisant De Gaulle les bras au ciel. Le Grand, ajoutaient-ils d’un air entendu, avait des desseins et bientôt on allait rire, couic couic pour les coupables à raccourcir à la guillotine, les fumures ! »

Voilà pourquoi on devient écrivain, peintre, pornographe, pour conjurer le rire des assassins ordinaires, et sortir du petit micmac psychique qui leur tient lieu de vie.

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© Jacques Cauda

Dans l’ouvrage collectif Mai 68 a 50 ans (éditions Lamiroy), Jacques Cauda explique ainsi sa soudaine bandaison à l’arrière d’une bagnole fonçant vers Paris pour voir le beau spectacle : l’envie de foutre le feu à la France entière. Et d’explorer les mystères du corps féminin.

« Mai 68 fut surtout pour moi un moment d’intense dialogue avec mon intimité au cours duquel mon corps fit des siennes. Je devins beau. Et comme les femmes le remarquèrent, nous nous approchions le jour, la grève favorisant l’abandon des Vénus qui peuplaient la Cité. »

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© Jacques Cauda

Les culottes tombent.

Les seins ballent en cadence.

« 68 virait 69. »

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© Jacques Cauda

Ejaculations de poudres colorées formant peintures.

Temps des cerises et des tétons.

Sade, ça te dit ?

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© Jacques Cauda

« Ceci dit en embrassant mon cou, ses deux seins plaqués à mon torse, si bien que mon érection s’appuya vite sur mon nombril et que nous nous prîmes par la bouche en frottant nos parties les plus sensibles. La suite s’acheva dans des vapeurs d’amour et d’essence mêlées. »

Aujourd’hui, le Cauda n’est pas plus sage.

En témoigne son petit ouvrage paradisiaque à peu près introuvable (c’est ça qui est bon, non ?), La vie scandaleuse du peintre Jacques Cauda, qui est un festival de couleurs, de positions, de chevauchements, de sexes en liberté.

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© Jacques Cauda

Il y a une folie dans les délices colorées de Jacques Cauda, où un lapin contemple les fesses d’une belle en levrette, où une vahiné mate avec délectation la verge de son amant, où l’on fait l’amour aux Marquises et dans toutes les îles possibles, où l’on se lèche par tous les orifices, où une Wonder Woman du sexe urine en râlant.

Le dessin explose de zébrures, de détails piquants, de manque de sérieux jouissif.

Mains d’une femme dans la farine, et jazz à tous les étages.

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© Jacques Cauda

L’utilisation du pastel et de l’acrylique fait penser à un Odilon Redon sans humeur noire ni bondieuserie.

Ah, Mai 68 est une sacrément belle putain !

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Mai 68 a 50 ans, ouvrage collectif, textes et illustrations de Jacques Mercier, Antoine Gavory, Jean-Michel Thiriet, Jacques Cauda, Serge Theate, Maxime Lamiroy, Alain van Assche, Patryck de Froidmont, Hugues Hausman, Fred Jannin, Editions Lamiroy, 2018

Editions Lamiroy

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La vie scandaleuse du peintre Jacques Cauda – éditions Les Crocs Electriques (Stéphane Blanquet et Jessica Rispal), 2018

Editions Les Crocs Electriques

Site de Jacques Cauda

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