Sansanami, aux confins de la conscience, par Yamamoto Masao, photographe

Sasanami est le douzième titre des dialogues photographie/musique initiés par les éditions IIKKI.

Ont collaboré cette fois, d’octobre 2019 à août 2020, le musicien Akira Uchida et le photographe Yamamoto Masao.

Ce dernier a calligraphié des silences, des respirations, des sensations de matières aux marges du non-être.

Ses lignes de sens sont puissantes et ténues, tracées à la lisière du rêve et de la réalité.

On est au bord de l’évanouissement, dans le sublime du rien, la grâce du pur apparaître.

Le cosmos est une miniature, la miniature est un cosmos.

La mer est minérale, la roche est aquatique, ou astrale.

Tout tangue lentement sur le pont flottant du ciel.

Des nuances de gris, des mers de nuages, des îles lointaines.

Des sillons, des horizons, des ciels, et partout une vision de nuit originelle.

Des notes, des géométries, des couloirs de mystères.

Impression d’aube et de fermeture de paupière : le paysage est intérieur.

Avec une grande délicatesse, Yamamoto Masao saisit des chorégraphies végétales, des ballets de lentilles d’eau, des futaies obscures.

Chaque photographie – éclipse de lune, vague de sable sensuelle ou sommeil de cygnes -, est une proposition de méditation, de métamorphose, d’abandon de la raison raisonnante pour la logique de l’archéopoétique.

Toute présence relève ici d’un ordre de spiritualité, d’une tentative d’approche de la merveille des formes du pleinement vivant.

Il faut regarder les photographies de l’artiste japonais les yeux fermés, écouter leur ample murmure, leur bruissement, puis entrer avec lui dans l’ombre fabuleuse, porté par une effraie ou quelque rai de lumière.

Sasanami est un condensé de cristaux de quartz brillant aux confins de la conscience.