Femmes japonaises, une mosaïque, par Anne-Stine Johnsbråten , photographe

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© Anne-Stine Johnsbråten / Journal

Good Wife, Wise Mother est-il un titre ironique ? Peut-être, sûrement.

Que savons-nous vraiment des Japonaises, si souriantes, si polies, si pudiques, si mesurées ? Que savons-nous au-delà de nos clichés ?

La vérité repose-t-elle dans l’ensemble de la bibliothèque du trublion érotomane Araki, ou dans un livre plus modeste d’apparence, plus sobre, de la photographe Anne-Stine  Johnsbråten, montrant la multiplicité des visages et âges des Japonaises au quotidien.

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© Anne-Stine Johnsbråten / Journal

Good Wife, Wise Mother se présente comme une enquête tout en nuances sur les femmes japonaises d’aujourd’hui.

On oublie donc les stéréotypes, les clichés ou contre-clichés systématiques vus dans les séries, et l’on ouvre les yeux avec ce premier ouvrage publié en format italien d’une artiste norvégienne travaillant la question du genre.

Elles sont ici plus d’une centaine, de toutes régions, professions et générations.

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© Anne-Stine Johnsbråten / Journal

Dans une société encore très marquée par une structure traditionnelle de répartition des rôles, rendant difficile de mener de front carrière et vie familiale épanouies, Good Wife, Wise Mother montre qu’il se pourrait bien que les lignes soient en train de bouger, sans que soit niée la persistance d’un modèle historiquement ancré.

Quelles différences entre les femmes de San Francisco et celles de Tokyo ?

La métropolisation des comportements et tenues vestimentaires unifie-t-elle les êtres quel que soit le continent ?

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© Anne-Stine Johnsbråten / Journal

Une femme sexy en mini-jupe et hauts talons, des passantes de soixante ans emmitouflées dans leur manteau.

Des femmes pressées, des voyageuses, des écolières en socquettes blanches, des mamies en baskets, des mamans à vélo portant leur bébé sur le ventre.

La street photography révèle à la sauvage le portrait d’un Japon différent de nos représentations dominantes, c’est parfait.

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© Anne-Stine Johnsbråten / Journal

Une femme enceinte, une autre portant un masque, une femme en habit traditionnel sur un quai de gare.

Une cuisinière ayant coincé dans son serre-tête des billets de banque.

Des coiffures, des chaussures, des bijoux, des tailles et corpulences très diverses. Bien sûr.

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© Anne-Stine Johnsbråten / Journal

Le travail pourrait être de nature anthropologique, mais quelle serait la méthode appropriée ?

Qui aurait l’audace de donner les caractéristiques principales de la Japonaise contemporaine ?

Mieux vaut à la fausse scientificité l’approche par mosaïque, juxtaposition des corps, visages et costumes, en créant des diptyques, des triptyques, voire des panoramas, afin de mettre en tension des mondes différents, des antagonismes, des façons de s’habiter et de vivre sa place dans la société extrêmement diverses.

La plupart des modèles sourient. Bonheur d’être là, envie d’être fantasque, stabilité dans l’affirmation d’une singularité existentielle.

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© Anne-Stine Johnsbråten / Journal

Le défi est davantage de l’ordre des chemins de rencontres avec l’autre, que celui de tenter de circonscrire telle ou telle femme en lui associant des qualificatifs.

L’universel est là, dans la rue, avec évidence, mais aussi l’opacité de l’autre, qui est très belle.

On croit deviner des tempéraments, des habitus culturels, des déterminations socio-historiques, mais l’on ne sait rien, ce qui est enthousiasmant.

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Anne-Stine Johnsbråten, Good wife, Wise Mother, textes de Anne-Stine Johnsbråten et Masako Ishii-Kuntz, Journal (Sweden), 2020 – livre publié avec le soutien de Fritt Ord Foundation, Scandinavia-Japan Sasakawa Foundation, Arts Concil Norway and Japan-Norway Soci

Site de Anne-Stine Johnsbraten

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