Photo-do, la voie de la lumière, par Olivier Deck, photographe

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© Olivier Deck

L’envers de la lumière est un petit livre un peu rare, un peu précieux, imprimé sur papier ivoire pour les éditions Contrejour.

Il est d’Olivier Deck, photographe né en 1962, proposant, en accompagnement d’un ensemble d’images en noir et blanc à la texture très profonde, deux textes de réflexion, issus de ses carnets quotidiens, sur sa pratique artistique.

Inscrit depuis son enfance dans l’ici pyrénéen, à deux pas de l’Espagne, Olivier Deck questionne, à la façon de Bernard Plossu, mais dans une esthétique plus fantastique, la présence de l’immédiat, qu’il se promène au Japon sur les pas de Bashô, ou du côté de sa terre natale, si sombre quand le soleil d’après-midi tombe soudain derrière les plus hauts pics.

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© Olivier Deck

L’envers de la lumière est un ensemble de pensées sur la capacité de la photographie à révéler ce que l’œil ne perçoit pas immédiatement, à saisir l’inapparent dans l’instant.

Nourri de l’ascèse demandée aux pratiquants d’arts martiaux, la pratique photographique d’Olivier Deck est un chemin de spiritualité.

« Je vis ma vie photographiant la vie, puisant à ce qui est là, où je suis. C’est ma façon d’être vivant. J’entretiens chaque jour, chaque nuit l’état d’inquiétude émerveillée devant cet espace immédiat qui reflète mon espace intime. La photographie est un échange vital. Comme la respiration. Je vis en photographe, je dors en photographe, je rêve en photographe, j’aime en photographe… Au matin, dès que j’ouvre les yeux, je porte sur le monde un regard de photographe. »

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© Olivier Deck

Ainsi naît la poésie de l’instant, dans la ferveur et le retrait.

S’absentant soudain du paysage, devenu le propre œil de son appareil de vision, pur point de passage entre le dehors et le dedans, le photographe, à l’instar d’un Klavdij Sluban marchant vers l’Asie, se confondant bientôt avec les bouleaux et la neige, cherche à saisir cet état rare où les frontières se dissolvent, où la disparition du moi induit une présence nouvelle.

Il y a dans son travail du flux de vie, une énergétique spéciale ne craignant ni les ténèbres, ni les éblouissements.

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© Olivier Deck

Olivier Deck cherche le ma en photographie, cette notion japonaise signifiant le vide créateur, l’entre-deux, ni ouvert ni fermé, le rythme d’un intervalle faisant battre ensemble le temps et l’espace.

« Pour que la dimension ouverte du présent s’exprime, il est nécessaire que le sentiment d’une image recouvre son aspect formel, ou pour le dire autrement que de l’aspect formel émane un sentiment. Pour tenter d’y réussir, je dois me préparer avant de photographier. Comme l’artiste martial ferme les yeux avant de dégainer son sabre, pendant un instant nommé ‘mokuso’ qui signifie ‘silence de la pensée’. »

La photographie d’Olivier Deck est un ensemble de seuils, de portes, d’arches, de sentiers, de points de passages.

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© Olivier Deck

Une bougie, un vitrail, le visage d’un enfant, une pluie d’or dans un sous-bois, le vol d’une aigrette.

Une impression d’immémorial.

Fiat lux.

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Olivier Deck, L’envers de la lumière, Contrejour, 2020, 56 pages

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© Olivier Deck

Olivier Deck – site

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Editions Contrejour

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Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Stephanie-Alice Sepschatski dit :

    bon jour

    « Pour moi, rêveur de mots, le mot ampoule prête à rire. Jamais l’ampoule ne peut être assez familière pour recevoir l’adjectif possessif. Qui peut dire maintenant : mon ampoule électrique comme il disait jadis : ma lampe ? (…)

    L’ampoule électrique ne nous donnera jamais les rêveries de cette lampe vivante qui, avec de l’huile, faisait de la lumière. Nous sommes entrés dans l’ère de la lumière administrée. Notre seul rôle est de tourner un commutateur. (…) Nous ne pouvons pas profiter de cet acte pour nous constituer, en un orgueil légitime, comme le sujet du verbe allumer. »

    Gaston Bachelard, La flamme d’une chandelle

    saludos

    Stéphanie-Alice Sepschatski

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