© Réjean Dorval
Le temps n’existe pas, l’art l’a aboli.
Le temps a le visage d’un enfant penché sur un dessin, absorbé dans son acte, avalé par son geste de création.
Le temps n’existe pas est un bel album de grand format colligeant des dessins au fusain sur papier de Réjean Dorval, accompagnés par un texte composé par Emmanuel Druon décrivant avec sensibilité les gestes et émotions de l’artiste lors d’une marche en montagne.
Correspondant à l’exposition éponyme ayant eu lieu du 28 octobre au 23 décembre 2018 à la chapelle Saint-Martin du Méjean, à Arles, cet ouvrage est un enchantement à la dimension du bigger than life.
© Réjean Dorval
Sous l’arche de quelques pins majestueux, Le temps n’existe pas invente un territoire édénique de lacs de montagne et de grottes anthropomorphes, de crêtes et d’éboulis de roches.
Il faut laisser respirer ce livre sur la table du salon, ou le lutrin, ne pas aller trop vite dans le regard, offrir à chaque dessin la chance d’un plein déploiement, comme si l’espace d’exposition s’était déplacé chez vous.
Jake LaMotta boxe la planète Terre, idée superbe, graphiquement impeccable et intrinsèquement métaphysique.
Chaque dessin de Réjean Dorval est un cosmos, une totalité de présence, un mystère d’apparition.
Saturne fait danser les biche ; constellé d’étoiles, le firmament est un néant troué.
© Réjean Dorval
La chair d’un homme courbé se pétrifie, alors que ses mains protègent son crâne d’un accablement majeur.
Dérive des continents, dérive des sentiments, dérive des nuages de poussières formant des continents aériens.
Sensualité d’un torse masculin – d’après un détail de la sculpture de Saint-Sébastien par Le Bernin -, et d’un geste d’affection entre deux corps rapprochés.
Un papillon de nuit s’envole, il faut le montrer à l’enfant en nous, et grimper à califourchon sur son corps de géant.
Emmanuel Druon écrit : « Pour calmer le feu, j’ai plongé la tête dans le lac au jus laiteux. »
Le temps n’existe pas, dessins de Réjean Dorval, texte d’Emmanuel Druon, direction de l’ouvrage Anne-Sylvie Bameule, photographie des œuvres François Deladerrière, conception graphique Yann Linsart – The Viewer Studio, Actes Sud, 2020