©Renée Jacobs
Quatrième monographie de nus de Renée Jacobs – j’ai présenté récemment Paris, chez le même éditeur, la galerie Vevais (Berlin) -, Polaroids est un ouvrage de format poche merveilleusement confectionné (reliure main) et comportant une photographie originale (C-Print) sur la couverture.
Le sentiment est de découvrir le carnet éminemment érotique d’une femme aimant les femmes et sachant regarder leur corps.
Les papillons sont sublimes, n’ont pas peur de la nudité, ni de la puissance de leur sexe offert à la contemplation.
©Renée Jacobs
Elles assument, elles sont irrésistibles.
Jeu de variations sur les formes féminines, Polaroids est un cadeau pour tous les regardeurs épris de sensualité, et les âmes troublées par les amours lesbiennes.
Utilisant un film Polaroid Type 55 – film noir et blanc donnant à la fois une impression positive et une image négative avec sensation de création d’un cadre sur le négatif non protégé -, Renée Jacobs accueille ses modèles dans des écrins les protégeant des vilénies du temps, la résolution extrêmement fine de ce type de film donnant l’illusion d’une présence charnelle très forte.
La blancheur de la peau contraste superbement avec la noirceur des chevelures et des toisons.
©Renée Jacobs
Des femmes s’embrassent dans une baignoire, une autre colle sa poitrine contre la vitre d’une fenêtre, ce sont des nymphes sauvages et terriblement attirantes occupant tous les espaces, les rues, les bois, les maisons, les rivières, les montagnes.
Elles sont innocentes et démones, sexuelles et millénaires en leur puissance de désir affirmé.
Elles intimident parfois, comme ces femmes très belles qui, entrant dans un autobus, font immédiatement le silence autour d’elle et obligent chacun à baisser le regard tant elles brûlent intérieurement, ou simplement révèlent une grâce supérieure à laquelle il est impossible de se comparer.
Diversité des anatomies, des poitrines, des courbes, des visages, des gestes.
©Renée Jacobs
Renée Jacobs serait-elle une collectionneuse de déités ?
Des bas, des guipures, des gazes.
Des braises, des incandescences, des lèvres volcaniques.
L’art offre la possibilité de regarder Diane nue, et de ne pas en mourir, comme Actéon changé en cerf, aussitôt dévoré par les chiens de chasse qui l’accompagnait, alors qu’il avait bravé l’interdit en admirant la déesse à l’instant éblouissant de son bain.
©Renée Jacobs
Les femmes ici sont ultramodernes et antiques, sûrement pas vestales, qui connaissent les subtilités des plaisirs du corps et savent en jouir, seules, à deux, ou à plusieurs.
Il y a bien sûr de la mise en scène, des provocations feintes, des langueurs jouées.
En format Polaroid, une artiste contemple ses doubles et la métamorphose de son désir.
Renée Jacobs, Polaroids, editor Alexander Scholz, text Gregory Forstner, galerie Editions Vevais (Berlin), 2021 – 500 exemplaires signés et numérotés
©Renée Jacobs
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