Dans le jardin de Giverny, vierge absence éparse, par Henri Foucault, photographe

©Henri Foucault

« En travaillant à Giverny, j’ai compris pourquoi Claude Monet s’était installé ici. Le vent s’engouffre aisément dans cette saignée de la Seine, le ciel change en permanence. Les vibrations, les reflets des saules pleureurs sur la pièce d’eau font partie intégrante du spectacle et de la fascination que procure ce jardin. »

Conçu comme un herbier, Vibrations, de Henri Foucault, livre dont la couverture est imprimée en sérigraphie blanche, relève du sublime.

Ayant observé pendant les quatre saisons et durant deux ans le jardin de Monet à Giverny, le photographe ami du portraitiste Christian Courrèges a utilisé le procédé ancien du photogramme pour rendre compte de la vie intérieure des plantes et végétaux divers qu’il a collectés – on peut songer à Anna Atkins.   

©Henri Foucault

« L’accomplissement du geste photographique, précise l’artiste, devait être aussi intense que celui du geste sculpté. Technique la plus élémentaire des origines de la photographie, le photogramme – une image d’un objet sans négatif, à l’échelle 1 – s’est imposé immédiatement. »

En effet, le photographe est aussi sculpteur de lumière, cherchant à transmettre un souffle de vie par l’acte manuel – les plantes sont bougées plusieurs fois durant le temps d’exposition -, et à s’approcher spirituellement du mystère des formes.  

Composé de 45 reproductions de photogrammes faisant songer à la volupté des signes chez Matisse ou Ellsworth Kelly, les planches associées par une reliure amovible pourraient être issues d’un cabinet d’art graphique.

©Henri Foucault

Apparaissent sur fond noir des structures blanches et des lignes grisées issues du mouvement des végétaux lors de l’opération alchimique imaginée par Henri Foucault.

On peut reconnaître telle ou telle plante ou fleur, mais là n’est pas l’essentiel, qui est surtout de témoigner d’une expérience de vie unique, alors que la technique ancienne choisie produit des effets étrangement proches de ce que pourrait représenter quelquefois un ordinateur.

Le temps n’existe plus, il reste un archaïque qui est d’une grande contemporanéité.

Henri Foucault dessine avec ses végétaux, trouble la perception, laisse parler des fantômes.  

©Henri Foucault

Dans un texte inséré au cœur du livre, intitulé Le Nénuphar blanc, l’écrivain Bertrand Schefer se souvenant de Mallarmé écrit : « C’est le monde à l’envers que donne littéralement à voir les ombres blanches du photogramme. De vrais fantômes ces images-là, d’obscurs objets de désir. Leur clarté spectrale d’étoiles éclate dans la nuit noire et perfore un cosmos en perpétuelle métamorphose. Sous les cascades incandescentes jaillissent des mains négatives, des chevelures, des tresses, des touffes et des boutons secrets qui jouissent de leur essor, de leur chute dans l’infini, de leur éclatement à la surface du gouffre. »

Les vibrations végétales possèdent ici un érotisme spécial, comme une sorte de caresse donnée par la chevelure des traits et la douceur des pétioles – étymologiquement les petits pieds.  

©Henri Foucault

On se perd, on s’enchante, on se laisse bouger.

Par ses bouquets de plantes coupées puis sculptées lors du procédé d’exposition, Henri Foucault produit une salutaire et très  belle reviviscence.

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Henri Foucault, Vibrations, texte de Bertrand Schefer, éditions Delpire & co / soutien de Parfums Christian Dior, 2022, 80 pagesparution le 12 mai

Site Henri Foucault

Delpire & co – site

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Se procurer Vibrations

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