Des dangers de l’amour extraterrestre, une double série photographique de Sacha Goldberger

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©Sacha Goldberger

Il n’est pas interdit de s’amuser en photographie.

Avec le portrait de son extraterrestre appelé Robert Maurice Debois considéré dans sa vie ordinaire, Brice Krummenacker avait étonné (ouvrage chez André Frère Editions publié en 2019 – chroniqué dans L’Intervalle).

Voici maintenant venir, dans un livre à grand spectacle, dont les couleurs ténébreuses ou incendiées font songer à du Cronenberg, du Paul Verhoeven ou du Quentin Tarentino, la créature venue de l’espace – en soucoupe volante – photographiée par Sacha Goldberger.

Nous sommes sur un plateau de cinéma hollywoodien, il y a des projecteurs, le casting a été mené de main de maître, les techniciens se sont révélés excellents (styliste, perruquier, costumier, maquilleur, accessoiriste) et le chef opérateur est great.   

©Sacha Goldberger

L’entreprise, très ambitieuse, rappelle la belle démesure de Gregory Crewdson, les séries de Sacha Goldberger ayant nécessité des équipes vastes, des mois voire des années de travail, des mannequins, des voitures de collection, quantité de costumes.

La NASA aurait trouvé récemment des preuves de présence extraterrestre (fake news, comment savoir ?), mais ne cherchez plus, l’évidence est là, sur papier glacé de grand format, Alien Love, tête de monstre façon Roswell, pistolet laser au poing, vous regarde avec toute l’étrangeté et l’inouï de sa différence.

« En apparence, écrit Alexandre Jardin en préface, Sacha est photographe. En vrai, il est contre la vie dépoétisée. Contre toutes les formes perfides de limitations. Contre l’impoésie. Contre la non introduction de liberté dans les champs visuels. Alors cela donne des photographies hallucinées, qui ont le grain du réel, l’odeur des vrais motels, la nonchalance des véritables extraterrestres en goguette. »

Composé de deux séries, l’inattendu livre de Sacha Goldberger commence d’abord par un ensemble de vingt-trois photographies argentiques (I want to believe) montrant la solitude d’un alien égaré dans le désert après la fin du monde.

©Sacha Goldberger

Il n’y a plus aucune goutte d’eau, le surf et le skate ne peuvent se réinventer que sur des dunes de sable, le Petit vieux Prince de l’espace à la peau fripée arrose une rose unique plantée dans l’aridité du néant.

Avec humour – l’alien aspirant le désert -, le photographe invente des scènes empruntées aux codes du western où son Roswell assassine un cactus comme Kafka dans un autre temps écrivait une lettre radicale à son père.

Extra Not So Terrestre, deuxième partie, imagine, comme s’il s’agissait de plans d’une série Netflix reconstituant l’atmosphère des années 1950 aux Etats-Unis, un motel attaqué par des extraterrestres.  

Plans d’ensemble, mosaïque de portraits montrant les protagonistes, des armes à feu et des femmes sexy : nul doute, le long métrage à épisodes de Sacha Goldberger sera une success story, ou ne sera pas.

©Sacha Goldberger

Il y a des explosions, des visages inquiets, une folie douce.

Dans le diner (prononcer à l’américaine), la serveuse accroupie, Betsy, est la plus belle des humaines, et il se pourrait bien que toute cette violence ne soit la conséquence de l’amour de la créature palmée pour la splendide petite femme ici-bas.

Mesdames, méfiez-vous lorsque vous tapez dans l’œil à quelque étranger arrivé de très loin, il se pourrait bien qu’il ne déclenche pour vous une guerre thermonucléaire.

L’amour n’a pas de prix.

Sacha Goldberger, Alien Love, préface (français/anglais) Alexandre Jardin, édition Revelatœr, 2022, 80 pages

Sacha Golberger sera en signature pour son livre pendant les Rencontres d’Arles le mercredi 6 juillet de 17h30 à 18h30 au Arles Books Fair de France PhotoBook au Capitole

https://sachagoldberger.com/

https://www.revelatoer.com/product-page/alien-love

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