Delta, terminus de l’Europe, par Camilla de Maffei, photographe

©Camilla de Maffei

Delta, de Camille de Maffei, est une série photographique de nature poético-documentaire menée dans le delta du Danube, en Roumanie.

Nombre d’images sont prises à la fin de la journée, quand le crépuscule endeuille le paysage.

Dernière frontière de l’Europe, cet espace liquide sauvage est regardé comme une entité étrange à la forte personnalité, la photographe italienne observant également les relations entre les occupants de cette vaste zone aqueuse.

©Camilla de Maffei

Il y a ici un magnétisme spécial et le sentiment d’un grouillement de vie invisible, un dialogue fin entre les eaux, les ciels, les végétaux, les animaux et les humains.

Delta recrée par ses images un écosystème dont l’autonomie est si subtile qu’elle échappe à la raison.

Tout est calme, intense, profond, comme le lendemain du tohu-bohu engendré par la création furieuse du monde.

©Camilla de Maffei

Le sol est meuble, les pauvres masures perdent leur revêtement, un poisson aux écailles dorées s’est perdu dans un filet de pêche.

Pèse en ces lieux le poids de la menace et de la folie.

Certains gestes ne seront compris que des initiés, nous sommes dans un territoire de fin du monde.

La boue cogne les palissades en bois, l’eau se répand partout comme une lèpre, vivre veut dire survivre.

©Camilla de Maffei

Le soir tombe, les yeux sont mélancoliques, on ne verra bientôt plus rien.

Le delta du Danube est le paradis des oiseaux.

Oui, mais c’est aussi celui de la dévoration et des prédateurs de toutes sortes.

Les hommes se rencontrant ressemblent à des conspirateurs.

©Camilla de Maffei

Tout est de bric et de broc, de brume et d’électricité froide.

Les températures sont trop basses ou trop hautes.

En ces désolations, les tièdes ne tiennent pas, il y a trop de démons et de solitude.

Généreuse, la nature rétive accable les assiégés, victimes de fièvre obsidionale.

©Camilla de Maffei

Un cheval sue, ou peut-être pleure-t-il d’être comme tout un chacun damné.

En ce monde turbide, les femmes ont le visage des combattantes obstinées, et des madones à embrasser.

Delta se termine sur une scène de danse de plein jour.

Il s’agit probablement d’un rite propitiatoire afin de faire venir à soi la faveur des dieux.

©Camilla de Maffei

Camilla de Maffei, Delta, textes Camilla de Maffei, Editions Anomalas / Conseil de Mallorca, 2022

https://phmuseum.com/thevisiblemountain

©Camilla de Maffei

https://www.edicionesanomalas.com/producto/delta/

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