La pudeur, la donation, la gratuité, par Elise Toïdé, photographe

©Elise Toïdé 

On ne peut pas attraper la vie, le monde, le temps.

Mais l’on peut s’enchanter de ce qui passe, de ce qui nous transit, de ce qui nous émeut.

En ses images conçus à la fois comme des amorces de fiction, des conversations en cours et des tableaux muets, la photographe Elise Toïdé saisit des fragments de la vaste rêverie nous tenant lieu d’existence.

©Elise Toïdé

C’est très doux, très beau, plein de grâce et de désir sans drame.

La sensualité est l’une des portes d’accès à l’invisible, pour qui a le cœur ouvert, pour qui sait aimer.

Pas de prédation par l’objectif inquisiteur, mais un accueil, une écoute, une attention.

La poésie est une formule de reconnaissance préservant le mystère de ce qu’elle célèbre.

©Elise Toïdé

Tout commence avec un faon, puis une table inondée de lumière, puis des adolescents au bord d’un étang ou d’une rivière.

Elise Toïdé construit un monde flottant, un tissage d’algues humaines et animales, d’enfance et d’éternité.

Le cygne se métamorphose en dos de jeune fille à la plage, qui lui-même devient l’intérieur confortable d’une personne installée, disparue, évanouie, devenue la chouette effraie veillant lorsque tout dort et s’absente.

©Elise Toïdé

Polemos dirige le monde, oui, les anciens Grecs ne se trompent pas, mais entre les flaques de sang et la cruauté, il y a la finesse d’un visage, la fraîcheur d’un sous-bois, des corps de pudeur à la mer, un ciel rouge, la broderie d’un feu d’artifice.

Les jeunes personnes que photographie l’artiste possèdent une intériorité bouleversante, broc de faïence, sommeil de roses, espoirs de caresses aux pointes de stalactites.

Un loup se couche devant un être androgyne.

Le soleil ne brûle pas.

Tu m’offres une cigarette.

©Elise Toïdé

Tu te déshabilles te laves devant moi.

Tu ouvres des portes à chacun de tes pas.

Tu mourras, tu ne mourras pas, tu es la fumée d’un feu de broussailles.

Je te regarde comme un matin du monde.  

©Elise Toïdé

Ange Leccia écrit : « Ce corpus argentique en plein déploiement expose une forme de mélancolie, d’introspection et d’états d’âme qui m’interpellent et me poussent à croire en la tâche d’Elise Toïdé, à sa responsabilité de photographe de continuer à nous montrer, à nous donner. »

Oui, Elise, continuez s’il vous plaît à nous donner, et nous transmettre vos Vagues, comme autrefois Virginia Woof ses flux de conscience.

Elise Toïdé, Les Vagues, préface Ange Leccia, sous la direction de Caroline de greef, Editions EYD, 2022, 110 pages

©Elise Toïdé

https://elisetoide.com/

©Elise Toïdé 

https://www.eydparis.com/lesvagues

Laisser un commentaire