Un chant lithique, par David Wahl, écrivain de gai savoir

« C’est quand même peu banal, un Castrais qui découvre le sexe des pierres. »

J’aime beaucoup les livres de gai savoir, où le lecteur hésite entre le canular et la fantaisie scientifique la plus assurée.

Avec Le sexe des pierres, le comédien, dramaturge et écrivain David Wahl nous fait découvrir le grand œuvre du Castrais Pierre Borel, homme de science du XVIIème siècle dont les recherches portaient notamment sur la sexualité des pierres.

Les maîtres d’ésotérisme et de méditation nous apprennent que les pierres sont vivantes, mais Borel franchit un pas de géant en évoquant leur intimité.

A Castres, dans le Tarn, ville de Jean Jaurès, est donc aussi né quelquies siècles plus tôt un savant humaniste à l’esprit très libre (1620-1671), ayant publié en 1657 un livre étonnant sur la possibilité des vies extraterrestres, Discours nouveau sur la pluralité des mondes.

Passionné par ce nouvel outil d’exploration de l’infiniment petit qu’est le microscope, ce médecin, précise David Wahl, voyait la vie partout.

Borel appelait priapolithes et hysterapetrae ces roches dont la forme rappelait les génitoires masculins et féminins, présentées parfois ensemble, dans leur accouplement, dans son cabinet de curiosités scientifiques.

« Lorsque tu marches dans les rues de Marseille, de Bordeaux, d’Avignon ou même de Castres, analyse plus loin le conférencier, te rends-tu compte que les pierres qui t’entourent, loin de provenir seulement des entrailles de la terre, sont des cadavres ? Ce sont des milliards de cadavres, des cadavres de micro-organismes sous-marins qui nageaient il y a des milliards d’années de cela dans l’océan primordial. Ce calcaire, c’est leur squelette. En vérité, tu te promènes dans un gigantesque cimetière, un sépulcre blanchi, au beau milieu d’une faune aquatique pétrifiée. »

L’argile, avance encore ce féru de science, et d’histoires, serait la chambre nuptiale des premières molécules carbonées nécessaires à la vie, qui « seraient nées d’une altération chimique survenue lors de la rencontre du basalte et du magma, issues en quelque sorte d’un « sexualité » minérale. »

Borel s’est éloigné, mais nous nous sommes approchés de l’origine de la vie sur Terre.

Dans un autre texte intitulé Les Hommes paysages, David Wahl évoque, outre les Kaweskars, premiers habitants de la Terre de feu brutalisés par les colons leur imposant un mode civilisationnel qui ne leur convenait pas, les Indiens Bajau, ces nomades des mers capables de nager sept à huit heures par jour, et de descendre à plus de soixante-dix mètres de profondeur en restant en apnée treize minutes – voir les photographies de Pierre de Vallombreuse et son livre aux Editions de Juillet.

Alors qu’un peu partout sur la planète, la terre s’est tue, parce que nous ne parvenons plus à l’écouter ou entrer en relation avec elle, des scientifiques tels Laurent Chavaud, chercheur au CNRS, étudient par exemple les coquilles Saint-Jacques de la rade de Brest en leur donnant la parole (lire La coquille Saint-Jacques, sentinelle de l’océan, Editions de l’Equateur, 2019).

Ce que l’on entend alors est stupéfiant.

David Wahl, Le sexe des pierres, suivi de Les Hommes paysages, Premier Parallèle, 2022, 62 pages

http://www.premierparallele.fr/auteur/david-wahl

Le spectacle-causerie Le sexe des pierres, créé au festival d’Avignon avec le sculpteur et performeur Olivier Sagazan en 2021, tournera tout au long de l’année 2023

David Wahl est artiste associé à Océanopolis (Brest)

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