
©Alexandra Catière
De quoi a-t-on besoin ?
D’une lumière, du visage d’un enfant, de la douceur des mains.
Avec A Haute Voix, Alexandra Catière a chorégraphié des présences humaines de tous âges, donnant à l’environnement naturel une place essentielle, qu’il s’agisse de végétaux, de l’estran ou des moires marines.
En ses images d’essence quelquefois expérimentale – acceptant l’accident lors du tirage, comme une manifestation de vie et d’autonomie de la matière -, la photographe a mis en scène des silences, et une palette d’émotions témoignant de notre condition sensible.

©Alexandra Catière
Il y a du recueillement, de la joie, de l’introspection, de la stupeur, de l’inquiétude.
Sur les doubles pages, les photographies dialoguent dans le secret du blanc qui les entoure, et comme s’il leur était possible de glisser, de se superposer, de s’épouser pour ensuite se détacher.
Simplement agrafé, sur papier épais, A Haute Voix est un objet de méditation levant sur le spectateur des yeux francs et profonds.
En résidence à Guingamp chez GwinZegal, qui la publie, Alexandra Catière s’est rendue dans des fêtes de village, sur la côte, chez des habitants.

©Alexandra Catière
Il y a des natures de mortes de fourchettes et de couteaux, et des mains qui sculptent l’air.
« Les scènes qu’elle photographie, écrit Jérôme Sother, les compositions et les objets les plus simples revêtent les apparats du sacré et semblent obéir à la grammaire d’une liturgie mystérieuse. »
Oui, tout prend ici valeur de sacre, les paupières fermées, la vague un peu plus noire que les autres, l’étang recouvert de plantes fines.
On perçoit une lumière venant de plus loin que le soleil, un halo très beau ennoblissant chaque chose, chaque situation, chaque être.

©Alexandra Catière
A Haute Voix témoigne de la force et de la fragilité du vivant, de la grâce des apparitions et du passage du temps.
Nous sommes les hôtes solitaires d’un monde persistant dans son être.
L’enfant a grandi, c’est un vieillard plutôt heureux, et bientôt un songe pour survivants.

Alexandra Catière, A Haute Voix, graphisme Claire Schvartz, photogravure Sten Lena, texte Jérôme Sother, Editions GwinZegal, 2022